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L'avion est systématiquement pointé du doigt comme notre mode de transport le plus carboné. Mise à mal de nouveaux projets d'aéroports, appel au boycott des compagnies aériennes...pour vous permettre de mieux décrypter le sujet, Carbo s'en tient ici aux faits : quel est réellement l'empreinte carbone d'un déplacement en avion ?
Qu'appelle t-on empreinte carbone ?
L’empreinte carbone (ou encore « bilan carbone ») est un indicateur qui vise à mesurer l’impact d’une activité sur l’environnement, et plus particulièrement les émissions de gaz à effet de serre liées à cette activité.
Cette empreinte est généralement exprimée en “dioxyde de carbone équivalent” ou “CO2e”. La raison ? Par souci de simplicité et d'homogénéisation, on utilise pour tous les gaz à effet de serre une seule norme rapportée au CO2. Cela revient ainsi à déterminer combien de CO2 retiendrait la même quantité de rayonnement solaire et donc contribuerait au réchauffement climatique.
👉 Dans le cas concret des avions, il s’agit de comptabiliser les tonnes de gaz à effet de serre émis par la combustion du kérosène pendant le voyage, mais aussi les émissions liées au transport et à l’extraction du pétrole pour créer ce kérosène.
Pollution et avion : Que représente l'avion dans le bilan carbone d'un français ?
C’est un fait indiscutable : en France, la principale source d’émissions de gaz à effet de serre est le transport (39 % des émissions totales). Ce secteur représente 33 % de la consommation d'énergie finale en France en 2015, contre 29 % en 1990. Et parmi les différents moyens de transport, l'impact carbone du transport aérien se classe loin derrière...la voiture.
Voici le détail, pour la France, des émissions de gaz à effet de serre réparties par secteur d'activités, et publiées sur le site du Ministère du Développement Durable pour l’année 2016. On se limite ici au "périmètre France" (les trajets internationaux maritimes et aériens sont exclus de l'analyse) et on ne prend pas en compte l'utilisation des terres, le changement d'affectation des terres et la foresterie (UTCATF).
Et dans le monde alors qu'en est-il de l'impact des avions sur l'environnement ?
D'après l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), le secteur aérien représenterait autour de 2% des émissions mondiales !
Comment calculer l’empreinte carbone d’un déplacement en avion ?
2 caractéristiques principales à considérer
Il s'agit d'une part de la distance aérienne parcourue entre les aéroports de départ et d'arrivée. Après avoir évalué cette distance on peut estimer le "type" de vols (court, moyen ou long-courrier) et le nombre moyen de passagers concernés.
D'autre part, il faut déterminer la consommation de carburant de l’avion, soit le nombre de litres de carburant consommé.
🖐 La consommation varie selon les phases d’un vol. Au décollage, l'avion consomme plus, car la puissance requise pour faire décoller l'avion est particulièrement importante. C’est donc logiquement le moment où la pollution est la plus significative.
Facteur d’émission pour un vol en avion
En France, la base carbone de l’Agence de la Transition Écologique (ADEME, anciennement Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) utilise un facteur d’émission exprimé en kgCO2e/passager.km, qui prend en compte le taux de remplissage d'un avion. Cette unité peut être difficile à appréhender car elle fournit une quantité de CO2 émise par passager et par kilomètre, c'est-à-dire que la quantité de CO2 généré au kilomètre est divisée par le nombre de personnes prenant l’avion. On peut raisonnablement penser que cette convention permet de calculer facilement l'impact carbone de chaque vol réalisé par un particulier ou...un employé.
Pour calculer ces facteurs d’émissions, l’ADEME s’appuie sur des données réelles de consommations du trafic aérien fournies par la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC).
Pour un litre de kérosène consommé, l’ADEME distingue :
- Les émissions amont : de l’extraction au stockage à la pompe ;
- Les émissions effectivement liées à la combustion du kérosène en vol ;
- Les émissions fugitives de traînée de condensation
À noter : les émissions liées à la fabrication de l’appareil ou à la construction des infrastructures aéroportuaires ne sont pas incluses.
Voici l'empreinte carbone comparée de différents vols (avec trainées) :
Trajet Classe Éco | Distance (km) | Émissions (tCO2e/passager) |
---|---|---|
Paris > New York | 11700 | 1,778 |
Paris > Nice | 1400 | 0,262 |
Paris > Bangkok | 18900 | 2,873 |
Paris > Athènes | 4200 | 0,638 |
🖐 Pour fixer les idées, un vol Paris à New-York en Airbus A380 consomme 111 000 litres de kérosène - soit près de 88 tonnes ! Les émissions d'un vol Paris-New York correspondent à peu près aux émissions annuelles que devraient respecter les Français pour lutter contre le réchauffement climatique.
🔍 Qu’appelle t-on forçage radiatif ?
On entend parfois dire que le transport aérien a un "double impact sur l'environnement". Le second est lié au phénomène de forçage radiatif, c'est-à-dire la différence entre les rayonnements radiatifs reçus et émis par un système. Un forçage positif produit de la chaleur. Dans le cas du trafic aérien, ce forçage est visible : ce sont ces (jolies) traînées blanches qui structurent le ciel, fruits d’une réaction chimique de la vapeur d’eau à cette altitude. Ces traînées de condensation entraînent un réchauffement de la surface terrestre : les nuages emprisonnent la chaleur, participant ainsi au réchauffement climatique. Chaque traînée supplémentaire, c'est donc toujours plus de pollution et de CO2 stocké dans l'atmosphère.
Dans son rapport de 1999 sur « l'aviation et l'atmosphère planétaire », le GIEC donne quelques détails techniques sur ce qu’il se passe en sortie de réacteur.
Quels transports polluent le plus ?
🛩 Les avions, bien au-dessus du lot
À l’heure actuelle, on trouve (malheureusement) beaucoup d’informations divergentes concernant l’impact de nos moyens de transport « courants ». Selon l’ADEME (toujours), le train reste le moyen de transport le moins carboné, assez loin devant les trafics routier et aérien. Le train en effet émet 80 fois moins de CO2e que l'avion !
Voici un tableau récapitulatif des facteurs d’émissions des principaux modes de transports utilisés en France :
Mode de transport | Facteur d'émission (km/passager) | Hypothèse Nbre Passagers |
---|---|---|
🛩 Avion | 285 gCO2e | 88 |
🚙 Voiture "gourmande" | 178 gCO2e | 1.5 |
🚗 Voiture "efficace" ou "petite" | 104 gCO2e | 1.5 |
🛵 Moto / Scooter | 62 gCO2e | 1.2 |
🚌 Bus | 68 gCO2e | 12.7 |
🚅 Train | 5 gCO2e | 156 |
Le transport représente la plus grande part de notre empreinte carbone moyenne, avec 2,9 tonnes de CO2 émis chaque année par personne. En France, 4 trajets sur 5 s’effectuent en voiture. C’est donc le trafic routier qui émet le plus de GES (80 %), suivi du trafic aérien (15 %).
Qui pollue le plus voiture ou avion ?
Il n’y a pas photo, si vous êtes seul.e dans votre avion ou votre voiture pour un même trajet, c’est bien la voiture qui émettra le moins de gaz à effet de serre. Ramenée toutefois au passager (donc si vous n’êtes pas tout.e seule. dans l’avion) la réponse n’a plus rien d’évident !
Un avion consomme en moyenne 3 litres de carburant par passager (avec un taux moyen de remplissage) pour 100 kilomètres parcourus. Et il est aujourd’hui peu courant de trouver des voitures consommant moins de 4 litres de gazole pour 100 kilomètres. Vous l’aurez compris : par passager, un avion rempli consomme moins (et émet donc moins) qu’une voiture. Mais la voiture individuelle conserve la première place des modes de transports les plus carbonés parce qu’on l’utilise nettement plus !
Comment compenser l'empreinte carbone de ses vols en avion ?
Faut-il miser sur l’émergence de biocarburants pour réduire la pollution d'un avion?
Depuis une dizaine d’années, des recherches scientifiques sont menées un peu partout dans le monde pour tenter de trouver un carburant moins polluant pour nos avions. Les biocarburants (créés à partir de matières organiques telles que des algues ou des huiles végétales) permettraient par exemple de réduire entre 50% et 90% des émissions de gaz à effet de serre.
En France, le gouvernement a annoncé en janvier 2020, dans sa stratégie nationale bas carbone, viser 2 % de biocarburants dans le kérosène en 2025 et 5 % en 2030. « Ça peut sembler peu mais il faut créer la dynamique » avait alors déclaré Elisabeth Borne.
Air France avait, de 2014 à 2016, réalisé des vols entre Paris et Toulouse alimentés en Farnesane. Il s'agissait d'un bio-carburant produit à partir de canne à sucre. Résultat ? Seulement 6 % d'émissions de CO2 en moins. Et un arrêt prématuré des vols face au coût bien plus important de ce kérosène. Dur dur la pollution pour un avion.
Peut-on vraiment miser sur l'émergence d’une « aviation écologique » ? Ces projets et autres actualités - qu’on retrouve dans bien d’autres pays - concentrent toutes les contradictions de notre époque : ne faut-il pas simplement accepter de réduire le trafic aérien ? Envisager le voyage autrement pour réduire la pollution d'un vol en avion ?
Peut-on vraiment réduire son empreinte carbone en avion ?
Si vous êtes “contraint” de prendre l’avion, il reste recommandé de :
- ✅ Choisir vol en classe économique
- ✅ Privilégier un vol direct
- ✅ Maintenir les volets des hublots fermés.
Mais on ne le répètera jamais assez : pour agir contre le changement climatique et diminuer son bilan carbone personnel, se passer de l'avion est une solution radicalement efficace. Mais cela peut être difficile à mettre en pratique, notamment lorsqu'il s'agit de déplacements professionnels. Arrêter la pollution de l'avion c'est s'en passer.
🌱 Les solutions pour compenser le Bilan Carbone d’un vol en avion que l'on soit une entreprise ou un consommateur
Les particuliers peuvent conserver leur billet pour calculer leurs émissions de CO2 en ligne. Les salariés peuvent transmettre cette même information à leur entreprise, dans l'objectif d'alimenter le calcul nécessaire au bilan carbone.
Et pour tout voyage indispensable en avion, chacun peut compenser son empreinte carbone, un moyen d’agir pour le climat en contribuant à la neutralité carbone collective.
🖐 La compensation carbone consiste à financer de manière volontaire un ou plusieurs projets écologiques (en France ou dans un pays en développement) dont l’activité permet d’éviter tout ou partie de ses émissions de gaz à effet de serre.
Il existe aujourd'hui de nombreuses solutions de compensation carbone en ligne. La Fondation GoodPlanet, par exemple, peut estimer l'impact de vos déplacements et vous remettre un certificat.
Dans le secteur du tourisme ou du voyages d’affaires de plus en plus de sociétés (agences de voyage ou compagnies aériennes) proposent d’agir pour l’environnement en compensant tout ou partie de l’impact des vols des passagers, comme Sunweb Group, Voyageurs du Monde ou Revlys. Certaines compagnies propose un vol neutre en empreinte carbone dès la réservation du billet, ouvrez l'oeil !
En partenariat avec Pur Projet, l'application web Carbo propose une approche plus flexible en vous permettant de sélectionner des projets écologiques en France, près de chez vous, pour financer des plantations agro-forestières labellisées bas-carbone et limiter le réchauffement climatique à votre échelle.
Les 3 chiffres à retenir
Finalement, la pollution d'un avion représente :
✅ Tout type confondu, un avion consomme en moyenne, par passager, 3 litres de carburant pour 100 kilomètres parcourus.
✅ 1 litre de kérosène consommé correspond à 3 kgCO2e.
✅ Un avion émet donc 9 kgCO2e/100km/passager en moyenne.
Vous savez maintenant pourquoi la presse prend souvent l'exemple du vol aller-retour Paris-New York : il correspond, en moyenne, à une tonne de CO2e émise !