Ce mois d’avril, le cinéma nous offre un florilège de films écolo. Indonésie et huile de palme, Japon et glamping, Bretagne et nucléaire, on voyage sur grand écran sans faire grimper son empreinte carbone au cœur de luttes actuelles et passées. Notre sélection non exhaustive.
La Promesse verte, le blockbuster écolo
L’huile de palme tue. On le sait. La Promesse verte le montre, on le voit et c’est autre chose. Plus qu’une piqûre de rappel via la fiction, ce film propose un thriller efficace avec une Alexandra Lamy en mère combattante, loin du monde acidulé de Chouchou et Loulou, où corruption et manipulation n’épargnent aucun gouvernement, surtout pas la France. Le pitch : Pour tenter de sauver son fils Martin - incarné par Félix Moati - injustement condamné à mort en Indonésie, Carole se lance dans un combat inégal contre les exploitants d’huile de palme responsables de la déforestation et contre les puissants lobbies industriels. Un film qui reste, et donne envie d’agir.
Un long-métrage du réalisateur Édouard Bergeon, actuellement en salles.
Le mal n’existe pas, le film intello primé à Venise
Avez-vous déjà testé le glamping, cette union du “glamour” et du “camping” ? Dans une région forestière du Japon où le mont Fuji n’est jamais loin, une société tokyoïte tente de convaincre les habitants d’un paisible village du bien fondé de leur projet. La séduction corporate ne va pas se passer comme prévu, à commencer par une bataille pour préserver la pureté de l’eau de source servant à cuisiner les meilleurs udon (nouilles japonaises épaisses) du pays. Lion d’argent à la Mostra de Venise 2023, le dixième long-métrage du Japonais Ryūsuke Hamaguchi se déguste en lenteur jusqu’à une fin, au premier abord totalement déroutante, avant une relecture dévoilant toute la finesse de l'œuvre.
Sortie en salles le 10 avril.
Nous serons toujours là ! Plogoff 1980, la petite production sur un combat oublié
Comme dirait - peut-être - Jean-Marc Jancovici, le nucléaire reste l’un des grands points de discorde des combats écolo. Chaque nouveau projet de centrale provoque, à raison ou à tort, l’ire des populations attenantes, manifestations à la clef. Par le biais de la fiction, Nous serons toujours là ! raconte celles survenues aux confins de la Bretagne, sur la pointe du Raz, il y a 24 ans. Lorsque le petit village de Plogoff apprend qu’un réacteur doit être construit à proximité, les femmes se lancent dans une mobilisation sans précédent contre le géant EDF, embarquant bientôt le reste de la commune. Outre le contenu de cette histoire hors norme, ce long-métrage a pour particularité d’exister malgré un micro-budget de 300 000 euros quand le coût moyen de production en France dépasse les 4 millions d'euros par film. Le résultat est le témoignage d’une lutte citoyenne historique qui provoquera moult débats entre ses spectateur·rices.
Un film de Nicolas Guillou, actuellement en salles.
À l’affiche également, comédie, animation, thriller et documentaire
Parmi les autres affiches, les plus petits ont droit à une comédie d’Eli Semoun Dubocu passe au vert, qui nous semble plutôt être Ducobu prend le filon écolo. Côté animation, le 24 avril sortira Sky Dome 2123, une dystopie venue de Hongrie où la sécheresse a ravagé la terre poussant l’humanité à adopter des règles extrêmes : toute personne de plus de 50 ans sera transformée en arbre. Le même jour, le thriller marocain multi-primé Indivision nous plongera dans les collines de Tanger, avec une adolescente muette mais ultra connectée aux réseaux sociaux qui regarde sa famille se déchirer sur la vente de la propriété familiale, avec au loin, la menace d’un incendie. Également sur grand écran, le second long-métrage du réalisateur géographe de formation, Nathanaël Coste, La Théorie du Boxeur. Ici, pas de recherche esthétique, mais une enquête aussi brute qu’optimiste dans la vallée de la Drôme à la rencontre d’agriculteur·rices qui essaient de nouveaux modèles face aux inexorables sécheresses.
Photo de couverture extraite de La Promesse verte : © lpv- photo 1 © 2023 nord-ouest films - France 2 cinéma - Artémis productions - plein champ - camisards