Cinq artistes écolo-sensibles à découvrir au Festival Circulation(s) 2023

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màj en mars 2024

Carbo vous emmène à la découverte de Circulation(s), le festival de la jeune photographie européenne, à travers cinq de ses artistes les plus marquants.

Circulation(s), le festival de la jeune photographie européenne organisé chaque année au Centquatre à Paris, est de retour jusqu’au 21 mai. Au programme cette année : vingt-sept artistes de quatorze nationalités différentes, et un focus sur la Bulgarie. Tous les ans, à travers sa sélection d’artistes émergents·es et les multiples séries photographiques exposées, Circulation(s) offre une plongée fascinante dans les préoccupations de la nouvelle génération d’artistes, et décentre le regard de la seule création française.

Dans l’édito de cette édition 2023 – présentée jusqu’au 21 mai – l’accent est mis sur la résilience, à l'échelle individuelle comme sociétale.  Cette année, ce qui transparait de la sélection, c’est un monde tourmenté et des artistes qui ne peuvent plus fermer les yeux face « aux désastres écologiques qui se multiplient ». Les séries des vingt-sept photographes mis en avant montrent sans détour qu’il faut désormais, pour avancer et faire bouger durablement les lignes, articuler ensemble les luttes sociales et écologiques.

Pour vous guider dans votre visite du festival, la rédaction de carbo a sélectionné pour vous le travail de cinq artistes de cette édition 2023 qui nous ont tapé dans l'œil et interpellé, des artistes à ne pas manquer pour leur célébration poétique de la nature et leur regard honnête sur les problématiques écologiques actuelles. L’année dernière, nous y avions repéré l’artiste italienne Rachele Maistrello et son exploration de la technologie Green Diamond...

85 - Kinga Wrona (Pologne)

85 © Kinga Wrona

Avec sa série sobrement intitulée 85, Kinga Wrona, jeune photographe de Cracovie qui s’intéresse aux relations entre l’Homme et la Nature, nous plonge dans un monde post-catastrophe. Nous sommes en septembre 2021, sur l’île de La Palma aux Canaries, le volcan Cumbre Vieja entre alors en activité pendant 85 jours consécutifs, l'éruption la plus longue de son histoire. Les installations humaines disparaissent sous des amas de cendres noires, les populations sont évacuées… Depuis, de nombreux·ses habitants·es souffrent de stress post-traumatique et d’anxiété. Les images de Kinga Wrona nous montrent une île désertée par l’humain, sur laquelle ses objets, ses installations ont été rayés de la carte par la cendre. Lave-linge, voiture et terrain de foot semblent bien obsolètes plongés dans cette noirceur post-éruption, ridicules face à la puissance de la Nature. Devant ses images évocatrices, nous réfléchissons à la violence de ces catastrophes naturelles, si soudaines, imprévisibles et destructrices, elles qui peuvent balayer nos existences humaines en un rien de temps, mais qui marquent les êtres, transforment les lieux que nous connaissons. Des catastrophes naturelles – qui vont se multiplier, on le sait – conséquences du dérèglement climatique en cours. Kinga Wrona nous adresse un avertissement symbolique, tout en nous rappelant que la Nature résiliente, elle, s’adapte, survit et se remet de tout. Et que si l’on parle de « sauver la planète », il s’agit plutôt en réalité de sauver l’humanité et la vie sur Terre.

Ottantuno - Isacco Emiliani (Italie)

Exposition au Festival Circulation(s) © Isacco Emiliani

La salle du festival consacrée à la série de l’italien Isacco Emiliani est plongée dans le noir, ses photographies aux teintes éclatantes se détachent alors de manière encore plus fracassante, simplement éclairées par en-dessous, dans une ambiance feutrée, intimiste. 

L’objectif ? Nous immerger dans cette superbe célébration de la nature de nuit. Nous découvrons des arbres centenaires spectaculaires sous la lumière de la lune, des animaux sauvages débarrassés des humains pour un temps, libres, nous entendons résonner les bruits de la nature et des animaux qui nous accompagnent dans notre déambulation. Un sentiment d’apaisement nous fait frissonner dans cette marche sous les étoiles en totale immersion. Ce projet photographique a en fait été réalisé à quatre mains, avec le grand-père d’Isacco, Antonio Panzavolta, agriculteur âgé de quatre-vingt un ans au moment de la dernière prise de vue. Ottantuno, en italien, signifie justement quatre-vingt un. Ensemble, pendant sept ans, ils sont partis la nuit explorer la forêt et se retrouver eux-mêmes, au contact de la nature. En nous livrant le résultat photographique de leurs balades nocturnes, ils nous invitent à faire de même et nous transmettent leur amour profond des arbres.

Floating View - Cynthia Mai Ammann (Suisse)

© Cynthia Mai Ammann

Avec Floating View, la photographe suisse Cynthia Mai Amman nous emmène dans les rues dépaysantes de Saigon, capitale économique du Vietnam, ville natale de sa mère. Saigon, c’est la ville qui, à partir de 1986, a connu le développement économique le plus rapide du monde, c’est une megacity qui représente l’expansion capitaliste dans toute sa démesure. La nature semble avoir complètement disparu de ses rues, remplacée par le béton et les gratte-ciels de verre. De sa série se dégage une mélancolie profonde et paradoxalement une certaine poésie des corps, des fleurs, représenté·es dans des teintes douces et des lumières tamisées. Dans ses photos, la nature semble lutter pour pouvoir encore se glisser dans les rares interstices disponibles de ces espaces urbains en décalage total avec l’urgence écologique. Sur certaines images, la nature n’apparaît plus que sur une affiche placardée au mur. En réfléchissant à la place des êtres, de la nature et donc de la vie dans ces villes gigantesques et déshumanisées, Cynthia Mai Amman semble aussi nous questionner sur la place de nos émotions face à la froideur uniforme des mégalopoles au développement sans fin. Nous réfléchissons alors aux villes de demain et à la place que nous voulons donner à la nature et au sauvage dans nos espaces urbains futurs.

Are we there - Jenni Toivonen (Finlande)

© Jenni Toivonen

Avec ses images, Jenni Toivonen nous plonge en pleine utopie : celle vécue par ses arrière-grands-parents, finlandais, partis au Brésil en 1929 avec l’objectif d'y fonder une communauté au plus proche de la nature, se développant en harmonie en son sein. L’envie profonde de ce départ : acquérir un mode de vie plus sain, plus naturel. La photographe mêle images d'archives et voyage introspectif sur les traces de ses aïeuls dans cette série intitulée Are we there, débutée en 2017 quand Jenni Toinoven tombe sur un vieil album photo et un journal intime familial datant de cette période. Un vrai onirisme se dégage de ses clichés, comme si nous étions face à un rêve éveillé. Les couleurs sont flashy, la lumière fuyante, la nature omniprésente, luxuriante, presque irréelle. L’humain s’y promène nu, sans contrainte, son corps se fond sobrement, dans les flots ou sur les feuilles. Jenni Toivonen immortalise des éclats de vie, la joie pure d’un retour aux sources. Ses photographies tissent à la fois le lien entre passé et présent, humain et nature, et des pistes pour un futur plus apaisé. Les nouvelles manières de coexister avec notre environnement sont d’ailleurs le sujet de prédilection de l’artiste finlandaise qui perçoit notre monde comme un cercle où tout est connecté, sans hiérarchie ou supériorité.

Seascapes - Aliki Christoforou (Belgique, Grèce)

© Aliki Christoforou

Dans sa série intitulée Seascapes, Aliki Christoforou s’intéresse à un espace bien précis et emblématique : la mer Méditerranée. La Méditerranée, route migratoire la plus meurtrière du monde, dont les eaux se teintent régulièrement du sang de celleux qui y perdent la vie. Mais ce qu’on sait moins, c’est que les flots de la Méditerranée sont aussi envahis par des micro-algues qui se développent à cause de la pollution urbaine, appelées « marées rouges » qui décolorent l’eau et lui donnent à leur tour une couleur pourpre. Avec sa série, il réussit avec brio à mêler le fond et la forme, la réflexion sociale et écologique. Pour cette série de tirages réalisés à la gomme bichromatée (technique de tirage par contact), Aliki Christoforou fait le choix de remplacer les pigments généralement utilisés en photographie par du sang humain, transformant alors radicalement la tonalité de ses images. Où est passé ce bleu des flots auquel nous sommes tant habitués ? Face à nous, les vagues se teintent de bruns, de reflets dorés. En changeant notre perspective, Aliki Christoforou modifie notre regard et nous pousse à nous interroger sur le fond. À regarder ce paysage que nous connaissons bien d’une autre manière, à oublier la vision carte postale pour réfléchir à la réalité sociale et écologique de cet espace maritime abîmé et en danger que nous ne pouvons plus ignorer.

Le festival Circulation(s) se tient jusqu’au 21 mai au Centquatre (5 rue Curial 75019 - Paris). Entrée 6€, du mercredi au dimanche de 14h à 19h.

Juliette Mantelet
Juliette est journaliste et co-rédactrice en chef. Ce qui l'enthousiasme par-dessus tout, c'est d'explorer le monde qui change et les futurs possibles avec optimisme par le biais de la littérature et de la pop culture.
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