Après Léna Lazare et Claire Nouvian, c'est l'entrepreneur et Directeur général de la Fresque du Climat, Nicolas Froissard, qui a joué le jeu de notre format d'interview « L'œuvre qui a fait basculer... ». À l'occasion de sa participation au So good MAIF Festival le week-end prochain, il nous a confié ses recommandations écolo-culturelles.
Bonjour Nicolas. Y a-t-il une œuvre qui a contribué de manière significative à votre prise de conscience écologique ?
Nicolas Froissard : Il n'y a pas vraiment d'œuvre qui ait directement contribué à ma prise de conscience écologique. Cette dernière est plutôt venue il y a une vingtaine d'années, à travers des échanges et des conférences qui ont éveillé ma conscience des enjeux environnementaux.
Cependant, une image m'a particulièrement marqué ces dernières années : la photo de Denecia et Wenceslaus Billiot (prise par la photographe française Sandra Mehl, ndlr). Cette photo raconte l'histoire poignante des premiers exilés climatiques aux États-Unis. Denecia et Wenceslaus Billiot sont originaires de l'Isle de Jean Charles, en Louisiane, une communauté indigène menacée par la montée des eaux et l'érosion côtière accélérée par le changement climatique. Cette image de ce vieux couple enlacé dans leur maison menacée incarne la réalité brutale des personnes contraintes de quitter leur terre ancestrale à cause de la dégradation environnementale. Elle illustre de manière saisissante les conséquences humaines de la crise climatique, et rappelle que ce phénomène n'est pas seulement une question d'écosystèmes ou de biodiversité, mais aussi de droits humains et de survie culturelle. La photo de Denecia et Wenceslaus Billiot symbolise la perte et le déracinement causés par les bouleversements climatiques, et rappelle qu’ils touchent aussi des pays du Nord comme les États-Unis, par ailleurs un des premiers contributeurs du dérèglement climatique.
À votre avis, pour faire changer les choses, quelle œuvre faudrait-il que nos responsables et dirigeant·es découvrent ?
N. F. : Avant même de penser aux œuvres que nos responsables devraient découvrir, il serait peut-être plus efficace de commencer par élire des représentants déjà convaincus de l'urgence écologique. Cela dit, pour ceux qui ont besoin d'une prise de conscience plus profonde, je recommanderais de visionner les documentaires Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent, ainsi que Bigger Than Us de Flore Vasseur.
Ces films mettent en lumière des initiatives inspirantes et concrètes, et montrent que le changement est non seulement nécessaire mais déjà en cours. Ils pourraient aider nos dirigeants à comprendre l'importance d'agir rapidement et de manière déterminée pour l'avenir de la planète. La Fresque du Climat est aussi un bon moyen de convaincre responsables et dirigeants de l'urgence de la situation.
Quel est selon vous le rôle de l'art et de la culture dans la prise de conscience de l'urgence écologique ?
N. F. : L'art et la culture jouent un rôle crucial dans la prise de conscience écologique. Ils ont la capacité unique de toucher les émotions, de susciter l'empathie et de faire réfléchir de manière profonde. Des films aux audiences colossales ces dernières années nous confrontent à notre incapacité à voir en face la réalité (Don’t Look Up) ou nous interrogent sur notre rapport au vivant (Avatar).
De même, les œuvres et expositions sur l'écologie peuvent interpeller le public d'une manière que les discours politiques ou scientifiques ne peuvent pas toujours faire. En rendant l'urgence écologique tangible et personnelle, l'art peut mobiliser les individus et les communautés pour qu'ils agissent concrètement en faveur de l’environnement.
