En 2022, parler d’écologie ne se résume pas à se noyer dans des courbes du réchauffement climatique ou à laisser sa foi dans des discours alarmistes. C’est aussi, grâce à la créativité d’artistes contemporains, une occasion de porter un nouveau regard - poétique et philosophique - sur le monde qui nous entoure. La preuve en 10 comptes Instagram.
Scarlett Hooft Graafland : sous la douceur, les ravages
Interpellant pourrait être le mot qui décrit les photographies de l’artiste néerlandaise Scarlett Hooft Graafland. Mélange de tradition, culture et de nature, les zones du monde reculées sont son terrain de jeux. Elle s’y rend plusieurs semaines (parfois plusieurs mois) pour s’imprégner des cultures locales. L’environnement et les populations deviennent alors non seulement sujets mais aussi acteurs de ses œuvres.
Ses photographies mettent en lumière la relation unissant l’humain à la nature ainsi que les problèmes sociaux et environnementaux que cette relation soulève, le tout dans un univers coloré et esthétique. Une expérience visuelle agréable qui réussit à interroger le spectateur.
The Krank : œuvres colossales pour impact colossal
Comment serait-il possible de passer à côté de The Krank ? D’origine grecque, et installé à Berlin, The Krank aime l'expressionnisme et l’abstrait, et maîtrise l’art d’utiliser les images pour faire passer des messages. Peintures en noir et blanc, sculptures géantes ou bien fresques murales, son art se veut le reflet de notre mode de vie et son impact sur la société. Ses lieux de prédilection ? Les endroits abandonnés et industriels auxquels ils donnent un nouveau souffle.
Avec sa dernière œuvre, une impressionnante empreinte de pas géante de 1 000 m2 sur l’île de Paxos (Grèce), il dénonce avec provocation les répercussions de la vie moderne sur notre environnement,
Philippe Echaroux : projections responsables
Quand nature et lumière ne forment plus qu’un portrait géant, il est plus que probable que Philippe Echaroux soit passé par là. Street artiste français, il utilise la nature comme support pour ses œuvres sans jamais altérer l’environnement dans lequel il travaille grâce à un jeu parfaitement maîtrisé d’ombre et de lumière.
En ville ou en campagne, en montagne, en Amazonie ou en Inde, il projette ses portraits et messages sur des arbres, murs, ponts, voitures, monuments, en forêt et dans tout lieu qui l’inspire. Sensible à la cause écologique, il veut son art impactant et provoquant, et le pense comme une mise en lumière - au sens littéral et figuré - pour nourrir la réflexion autour des sujets environnementaux.
Mosstika : le “graffiti vert”
Naviguant entre New York, Londres et Budapest, sa ville d’origine, Edina Tokodi – du collectif Mosstika Urban Greenery – est une street artiste adepte du « Moss Graffiti », ou Graffiti verts, dont les œuvres végétalisant les murs des villes.
Son objectif ? Reconnecter la ville et ses habitants à la faune et la flore, bâtir de nouveaux espaces urbains où la nature fait partie intégrante du paysage. Biodégradable, responsable, son travail délibérément engagé prône un mode de vie durable et un nouvel espace urbain, où humain et nature évoluent en harmonie et ont tous deux leur juste place.
The Hula : portraits submersibles
Et si une œuvre pouvait vous faire vivre la montée des eaux ? C’est ce que propose Hula, de son vrai nom Sean Horo, artiste muraliste hawaïen connu pour ses œuvres grandeur nature à demi-immergées et pour ses tableaux sous-marins.
Engagé dans la protection de la planète et passionné par l’océan, il joue habilement de l’eau et des marées pour donner naissance à des créations spectaculaires. Épaves, glaciers, bateaux, fresques murales ou encore plages, ses supports – toujours éphémères – sont multiples pour alerter et provoquer le changement. Il a récemment exposé une série de portraits submersibles, une métaphore poétique du réchauffement climatique.
Bordalo II : le trash art
Qu’est-ce que le trash art ? Parce qu’une image vaut mieux qu’une définition, les œuvres de Bordalo II en sont l’illustration. Il recycle les déchets - surtout plastiques - glanés ici et là pour (re)donner vie aux animaux à travers des sculptures, souvent géantes, exposées en ville. Une manière choc et originale d’interpeller.
Son œuvre entière est une critique de la surconsommation et du capitalisme, une invitation artistique à prendre conscience de nos modes de vie et à repenser notre rapport à la surproduction et à l’environnement, le tout à travers des œuvres bariolées et impressionnantes de précision.
Shirin Abedinirad : réflections sur la nature
Maîtresse dans la création d’illusions d’optiques, la nature est sa muse et les miroirs sont les portes d’entrée d’un monde onirique, un monde dans lequel Shirin Abedinirad nous transporte. Déserts, plages, escaliers, monuments, aéroports, tout est prétexte à l’installation de projets à couper le souffle, où réalité et imaginaire se mêlent pour créer une expérience unique.
À travers la nature et l’histoire, Shirin Abedinirad nous invite avec poésie à reconnecter au monde qui nous entoure.
Eko Nugroho : l’humour noir pour un monde vert
Comment faire passer des messages politiques avec une touche d’humour et de couleur ? Eko Nugroho a la réponse. Street artiste indonésien connu et reconnu, il puise ses premières inspirations dans les répercussions post-révolution indonésienne et dans sa ville natale, Yogyakarta. Le fondement de son travail réside dans l’art communautaire, la collaboration et le street art qui est alors un moyen de faire passer des messages empreints de liberté.
Il a depuis étoffé les médiums qui lui servent à retranscrire sa vision du monde : broderie, peinture, sculpture, art traditionnel indonésien (et bien d’autres) sont les messagers de ses convictions.
À la fois sociales, politiques et urbaines, ses œuvres sont une critique humoristique de la société indonésienne. Un artiste à suivre !
Von Wong : l’artivisme version XXL
Qu’est-ce que l’artivisme ? Regardez le travail de Benjamin Von Wong pour comprendre ! Artiste photographe canadien, il s’est fait une place sur la scène contemporaine internationale sur des sujets d’actualité comme la pollution des océans, les déchets électroniques ou bien plus récemment la reconnexion de l’humain à la nature.
Ses œuvres sont souvent à la hauteur des causes pour lesquelles il s’engage, énormes. Plastique, faune marine, dérèglement climatique ou encore fast fashion, contribuer à un monde meilleur est au cœur de son inspiration.
Son compte Instagram met en lumière ses œuvres mais également les coulisses du processus de création. Un compte à suivre inspirant et captivant.
Insolent Veggie : des dessins à dessein
Est-il possible de finir ce top sans parler du compte cynique et sarcastique d’Insolente Veggie ? L’insolente dessinatrice Rosa B, porte-parole des « végétaliens extrémistes et très très méchants », ouvre le débat sur la cause animale, notamment le spécisme, à travers une critique humoristique et satirique de l’actualité. Entre rire, pédagogie et philosophie, ce qui est sûre c’est qu’elle ne mâche pas ses mots !
