Le Bruit Qui Court : l’artivisme pour militer dans la joie

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màj en août 2024

Ils sont partout. Devant le Théâtre du Châtelet, à Arles lors du festival Agir pour le vivant, dans les rues de Marseille ou de Paris en roller ou à vélo pour réclamer une taxe sur les superprofits, en lutte contre les projets funestes de TotalEnergies en Ouganda et en Tanzanie, ou encore contre le Black Friday et la fast fashion. Ces derniers mois le collectif Le Bruit Qui Court est sur tous les fronts des combats sociaux et écologiques de notre époque. Cette « communauté d’artivistes - activistes et artistes engagé·es » défend un renouvellement des imaginaires, et expérimente par « l'artivisme » de nouvelles formes de résistances collectives et créatives, toujours dans la joie militante. Interview.

On se rappelle encore avec une force intacte notre émotion évidente, incontrôlable en découvrant la performance signature du collectif Le Bruit Qui Court, Résiste !,  le 11 juin dernier lors de La Magma, la première déambulation artistique pour le climat et la justice sociale, aux côtés des danseuses de Minuit 12. On a toujours dans la tête et dans le cœur cette performance fracassante, cette troupe tout de noir vêtue, qui nous avait fait passer du rire aux larmes angoissées, puis à la joie et la danse collective, résumé on ne peut plus efficace de notre vie et du combat écologique, avec ses nuances, ses ambiguïtés. Avec Le Bruit Qui Court, nous partageons une vision commune d’un militantisme écologique accessible à tous·tes et enrichi par l’artistique, la culture et les émotions, c’est d’ailleurs étonnant que nous n’ayons pas réalisé cette interview plus tôt. Après avoir marché et dansé à leurs côtés, c’est à l’Académie du Climat, où ils organisent régulièrement des événements, que nous retrouvons Julie Pasquet et Maxime Ollivier, les deux co-fondateurs du collectif.

Quel a été le point de départ du Bruit Qui Court ?

Julie Pasquet : Le Bruit Qui Court est un projet qui est né il y a deux ans et demi. Maxime et moi, on a fait nos études ensemble à Toulouse, où on a aussi beaucoup milité. C’est là qu’on a commencé à réfléchir à cette idée de projet, qui à l’époque n’était pas encore du tout Le Bruit Qui Court. Ensuite, on a constitué autour de nous une équipe de sept personnes, avec lesquelles on a organisé une première résidence d’une vingtaine de personnes en août 2021, ce qui a marqué les débuts de cette expérimentation liant art et engagement.

On a fait trois constats. Le premier c’est qu’avec Maxime on avait mis de côté nos pratiques artistiques pour nous consacrer corps et âme au militantisme. Maxime avait fait énormément de danse, moi j’aimais beaucoup l’écriture et j’avais fait une spécialisation Histoire de l’art au lycée. Mais le militantisme avait fini par prendre toute notre vie et on a réalisé qu’on avait érigé une barrière entre ces deux mondes, là où il ne devrait pas y en avoir. Le deuxième, c’était un vrai besoin de renouveler les formes d'engagement. On avait marché, manifesté, signé des pétitions, fait de la désobéissance civile, mais on arrivait à un moment où on avait envie d’autre chose. Le troisième constat, c'est qu'il commençait à naître un questionnement autour des nouveaux récits et imaginaires, comment se raconter de nouvelles histoires, notamment avec la parole de Cyril Dion ou de Nancy Huston dans L’Espèce fabulatrice (Actes Sud, 2008). Suite à ces différents constats, beaucoup de réflexions et de discussions, et cette première résidence, Le Bruit Qui Court a commencé à émerger. Officiellement, on l’a lancé en août 2022, après un an d'expérimentation. 

Quel est le problème des histoires racontées aujourd’hui ?

J. P. : Aujourd’hui, l’histoire qu’on se raconte est une histoire capitaliste, patriarcale, ancrée dans un système de domination à plein d’égards et d’oppression. Nous voulons raconter une autre histoire et réfléchir surtout à la manière dont l’art peut nous aider à le faire. 

D’où vient ce nom poétique Le Bruit Qui Court ?

Maxime Ollivier : C’est parti d’un malentendu, figure-toi. Nous étions dans un restaurant à Arles, et on cherchait un nom alternatif pour le jeu du téléphone arabe, car ça nous paraissait assez raciste comme appellation. Et quelqu’un a dit : « Le bruit qui court c’est pas mal ». En parallèle, il y avait une autre discussion à table sur le nom du collectif. Quelqu’un a entendu « le bruit qui court » et a dit « ah c’est super comme nom ! ». Il y a eu une sorte d’évidence et c’est resté. 

J. P. : Je suis très fière de notre nom, la plupart des gens nous disent que ça fonctionne bien !

Performance contre la Fast Fashion

Quelle différence faites-vous entre écologie culturelle et artivisme ?

M. O. : Pour moi, l’écologie culturelle, de manière très large, c’est simplement rallier culture et écologie, ce que vont faire pas mal d’acteurs notamment le festival Agir pour le vivant qui essaie de relier ces deux mondes là, La Fabrique des récits qui va former des artistes aux questions scientifiques. C’est un terme utilisé précisément par le groupe fondé par Patrick Scheyder, Nicolas Escach et Pierre Gilbert qui travaille sur un concept d'écologie culturelle, nom qui leur appartient et qu’ils se sont appropriés d’une certaine manière. Nous, je pense que le concept qui nous parle le plus est celui d’artivisme, plutôt que celui d’écologie culturelle. Nous ne sommes pas tant liés à un monde culturel institutionnel, musées etc. On travaille surtout avec le milieu activiste, et dans notre ADN on cherche plutôt à relier art et activisme. Ce néologisme d'artivisme on le partage avec d'autres organisations, et il signifie simplement l’idée de vouloir intégrer plus d’art dans les pratiques activistes et plus d'engagement dans nos pratiques artistiques. Essayer de faire des projets à la croisée de ces chemins-là !

Comment réfléchissez-vous aux actions sur lesquelles vous voulez vous positionner ?

J. P. : La stratégie aujourd’hui du Bruit Qui Court, actée collectivement, c’est de venir en soutien des luttes existantes. Nous ne portons pas de projet tout seul, on va toujours le faire avec des partenaires, avec des campagnes existantes pour venir justement leur donner un nouveau souffle et leur amener une forme d’action créative. Cette posture de « mise au service de » est stratégique et importante. Il peut y avoir des projets qui viennent de nous sur des luttes que l’on décide de soutenir lors de nos moments de rencontres et nos week-ends de travail. Cela peut aussi venir de demandes extérieures, d’ONGs, qui viennent nous voir pour des projets ou des prestations rémunérées autour de notre expertise sur la création d’actions créatives.

Comment savoir si le public qui assiste à vos actions passe ensuite à l’action, commence à militer ?

J. P. : La beauté et aussi la complexité de ce qu’on fait, c’est qu’on ne sait pas comment les gens vont ressentir ce qu’on va leur proposer… On contribue à semer des graines et à enclencher des émotions qui peuvent mettre en mouvement après. Aujourd’hui, objectivement, on a peu de visibilité sur l’impact que ça a concrètement chez les gens, par contre on crée beaucoup d’espaces d’échanges et de discussions avec le public des actions. Néanmoins, ce qu’on peut déjà évaluer, c’est l’impact au sein du Bruit Qui Court, pour les gens qui militent avec nous. Pour moi c’est le premier objectif : faire du bien aux militants·es et aux artistes, venir mettre de la joie, de l'engagement. J’ai l’impression qu’on arrive à être cet espace qui apporte du soin, et ça c’est mesurable.

M. O. : On peut en effet parler de l’impact sur celles et ceux qui participent. On essaie de faire des événements à la fois comme La Magma avec Minuit 12, où l’idée c’était que plein de gens puissent venir défiler et vivre une expérience artistique, comme un concert déambulatoire avec différentes performances artistiques le long du trajet. Sur les autres performances qu’on mène, on essaie de faire danser une centaine de personnes, il y a vraiment quelque chose de galvanisant pour les participants·es, y compris pour les activistes qui retrouvent du kiff dans le fait de participer à des actions différentes de ce que peut être une marche traditionnelle ou une action de désobéissance civile. Pour les artistes, ce sont des espaces de politisation et d’engagement. Ce qui est intéressant, c’est de voir comment on arrive par ce biais artistique à ramener des artistes qui ont envie de faire une pratique artistique dans un objectif plus engagé et que dans ce processus de création, ils se retrouvent à échanger avec des activistes. C’est là où les espaces de résidence ou de création entre artistes et activistes sont très intéressants, l’un et l’autre se nourrissent.

Action du collectif à La Magma, le 11 juin 2023 © Le Bruit Qui Court

Comment vont votre moral à vous et votre éco-anxiété aujourd'hui avec Le Bruit Qui Court ?

J. P. : Les espaces de brainstorming et les moments où l’on pense des actions créatives me font beaucoup de bien, je sens que je mets ma créativité au service d’actions concrètes. Mon militantisme prend toujours beaucoup de place, mais par contre ce collectif m’apporte une joie immense. J’ai été souvent portée par la colère, et je pense que c’est une émotion très utile pour mettre en mouvement, j’ai aussi eu des moments de grande tristesse, d’éco-anxiété, et en fait je me suis rendu compte que la joie est mon énergie, celle qui me porte sur du long terme. Et Le Bruit Qui Court est un espace qui me procure énormément de joie, et de la joie militante. Ça aujourd’hui pour moi, ça fait une vraie différence. 

M. O. : Je pense que ce qui me plaît de mon côté, c’est de se dire qu’on essaye de nouvelles choses. Les formats d’action traditionnels sont toujours nécessaires, il faut qu’ils existent. Mais moi j’ai besoin de sentir que je ne suis pas en train de reproduire des modes d’action ou des stratégies similaires en espérant des résultats différents. Le fait de tester d’autres modes d’action, voir comment ils sont reçus par les médias, le public, c’est passionnant. Mettre du beau, ça crée tout de suite un rapport au public différent.

© Le Bruit Qui Court

Qui peut rejoindre Le Bruit Qui Court ?

J. P. : Dans notre manifeste, on a une phrase qui dit « l’art n’est pas réservé aux élites », ce qui est un horizon vers lequel on tend. Un élément important à souligner dans ce qu’on est : nous n’avons pas vocation à devenir une compagnie professionnelle. On veut continuer à faire de l’artivisme. Tout le monde peut devenir artiste et notre porte est ouverte à tous et toutes. Il y a des gens qui n’ont jamais dansé de leur vie qui viennent danser avec nous, des gens qui n’ont jamais fait de théâtre qui participent à nos ateliers de théâtre d’impro. Je trouve ça assez beau de se dire qu’on est beaucoup d’amateurs et d’amatrices - les artistes professionnels sont une minorité -, et qu’on ouvre nos portes à tous·tes tant qu’il y a de l’envie et de la créativité. En prenant quand même en compte qu’aujourd’hui on est un groupe très homogène, je suis tout à fait consciente que nous sommes beaucoup de personnes blanches, ayant eu la chance de faire des études supérieures, issues de milieux sociaux plutôt privilégiés. On a par contre une diversité géographique, avec des personnes qui viennent d’un peu partout en France, ainsi qu’une diversité en termes de genre.

© Théâtre de la ville_Nadège Le Lezec

Vous poursuivez la même volonté d’accessibilité face à un certain élitisme de l’art plus traditionnel avec vos actions puisque vous dansez à l’extérieur, dans la rue ? 

J. P. : On veut mettre l’art dans l’espace public, se le réapproprier. Sortir l’art des institutions culturelles et l’amener ailleurs, La Magma c’était exactement ça. C’est vraiment quelque chose auquel on est très attachés.

M. O. : Être dans l’espace public c’est déjà un message en soi. Pouvoir utiliser l’espace public de manière artistique, c’est défendre une certaine manière d’habiter la ville, et de lutter contre la marchandisation, avec ces espaces vendus et morcelés pour la consommation. Sur la performance Résiste ! en particulier, on a vécu pas mal de moments assez forts avec le public, notamment à Arles ou à Digne-les-Bains, avec des gens qui sont touchés par la performance en tant que telle. Ils valident cette théorie dans laquelle on croit beaucoup que passer par les émotions ça peut vraiment faire du bien aux gens et que c’est nécessaire, au-delà de passer par les rapports scientifiques, les chiffres et le rationnel, parce que ça génère des choses puissantes chez les gens. 

La performance Résiste ! sur la place de la République d'Arles © Le Bruit Qui Court

J. P. : Pour moi, il y a autre chose aussi dans le fait d'œuvrer dans l’espace public, c’est la possibilité d'interpeller. Je marche dans la rue, dans cette routine de passer tous les jours ici, je vis ma vie, je suis sur mon téléphone, et là je me retrouve happé par une musique, des gens, un visuel… On essaie de créer ce petit décalage avec des gens qui en fait normalement ne seraient pas du tout touchés par ça, et c’est très important. En plus, j’ai l’impression que ça marche. À Châtelet - Les Halles (action contre le Black Friday en novembre 2023 pour dénoncer les conséquences sociales et écologiques de la fast fashion, ndlr), il y avait une vraie curiosité chez les personnes qui passaient à côté. On transforme l’espace public. À Porte de Clignancourt (performance Résiste réalisée devant La Recyclerie à l’automne 2023, ndlr), on a eu beaucoup de gratitude, avec des gens qui sont venus nous remercier pour ce qu’on fait, alors qu’il s’agissait d’un public racisé. Des fois les gens sont dans l’incompréhension et viennent nous poser des questions sur notre message et nos intentions. Cela crée plein d'émotions différentes et c’est cette palette que j’aime. Interpeller les gens et amener de la curiosité, déjà, dans ce monde je trouve que c’est quelque chose de beau.

Pouvez-vous nous parler de votre performance désormais célèbre Résiste ?

M. O. : C’est une performance en trois tableaux. Un premier tableau plutôt humoristique pour créer de la rigolade qui se termine sur un sentiment de malaise car cela en devient un peu absurde. Le deuxième est un tableau plus angoissant avec un texte de Cyril Dion lu sur une musique d’ATOEM, des DJs français. Et ensuite une performance plus joyeuse sur le manifeste du Bruit Qui Court qui donne un peu plus d’espérance et se clôt par la chanson de France Gall, Résiste. Cette performance a été créée pendant la résidence de lancement officielle du collectif en août 2022, elle a été imaginée par cinq, six personnes du collectif et l’idée c’était d’apprendre cette chorégraphie et de pouvoir la danser en clôture du festival Agir pour le vivant à Arles. Ce qui a été fait et ça a vachement bien marché, alors on s’est dit qu’il faudrait la refaire. 

Elle est devenue votre performance signature ?

M. O. : On ne s’attendait pas du tout à ça ! Ce qui est drôle, c’est que nous avons failli ne pas la réaliser. La semaine de lancement du collectif était très dense, il y avait trop de choses et un des trucs qu’on pensait peut-être enlever du programme, c’était justement la répétition de la performance. 130 personnes à faire répéter en l’espace d’une semaine, on n’était pas très sûrs... Finalement on l’a gardée et depuis elle est beaucoup revenue. Dans les milieux militants et même au-delà, les gens nous disent que c’est très chouette d’avoir une performance avec un message clair, qui puissent donner de la joie et créer une connexion avec les gens.

J. P. : Maintenant je pense qu’on l’a faite entre quinze et vingt fois. Ce qui est génial avec Résiste ! c’est qu’on peut la faire à huit comme on peut la faire à 130, on a testé plein de formats différents, dans l’espace public principalement mais aussi sur des scènes… Elle a évolué aussi, celle d'Arles n’est plus la même qu’aujourd’hui. Pendant la répétition en avant-première, on a fait pleurer Cyril Dion qui a découvert son texte mis en scène, c'était un moment très beau. C’était une belle validation de ce que son texte peut générer comme émotions.

Le choix de France Gall pour la musique, c’était pour son côté populaire ?

M. O. : On a cherché une musique qui répondait à pas mal de critères. Une musique qui porte un message, en français, plutôt dansante, qui bouge... Il n’y en avait pas tant que ça et celle-ci était pas mal, et intergénérationnelle en plus ! Tout le monde danse avec nous sur Résiste, ce qui ne serait pas le cas avec un autre titre. Ce n’est pas la musique la plus politique qui existe mais elle porte quand même un message qu’on peut utiliser.

Résiste ! lors de La Magma © Le Bruit Qui Court

Quels projets sont en cours de préparation en ce moment ? 

M. O. : On a envie de créer de nouvelles performances, parce qu’on en a un peu marre de danser celle-là. Il y a plein d'idées en cours, potentiellement une performance sur la montée de l’extrême droite. Ce sont surtout des discussions informelles pour le moment.

J. P. : Je pense qu’en effet en 2024 on va essayer d’avoir une deuxième performance signée Le Bruit Qui Court. Les derniers mois de l'année 2023 ont été assez denses avec Tax’n’roll, notre parade lumineuse pour inciter à taxer les riches et les superprofits en soutien au collectif Stop Total, notre mobilisation par rapport au Black Friday… Actuellement, on est en réflexion sur les prochaines actions et les prochains sujets sur lesquels on va se mobiliser, qui vont être décidés collectivement. Ce qui est chouette, c’est qu’on a des tonnes d’idées, maintenant il faut voir comment prioriser les choses et voir où c’est le plus stratégique pour nous. Il y a en tout cas deux thématiques sur lesquelles on sait qu’on va travailler : la question du droit au logement et la place des logements vacants dans les villes, et les Jeux Olympiques. On aimerait aussi mener des projets sur les luttes féministes, et venir en aide à des luttes plus locales.

La parade Tax ’N Roll © Antonin Labat

Et quels sont les prochains défis à relever pour Le Bruit Qui Court en tant que collectif ?

M. O. : La question financière est un sujet hyper important pour nous. Avec Julie, cela fait deux ans et demi qu’on bosse sur Le Bruit Qui Court bénévolement, dont une année à temps plein, nous n’avons aucun salarié, nous ne le sommes pas nous-mêmes. On arrive à avoir un peu d’argent en proposant des prestations, en faisant parfois payer nos performances, mais ça n’est vraiment pas grand-chose, ça ne suffit pas. Il faut qu’on réfléchisse à cette question de comment faire vivre un projet qui est à la fois artistique et militant, car ce ne sont clairement pas les deux domaines dans lesquels il y a le plus d’argent. C’est un vrai enjeu !

J. P. : On a un autre défi constant au Bruit Qui Court autour des questions de gouvernance. Dans l’ADN du Bruit Qui Court, on l’a dit, il y a la joie militante, l’expérimentation, mais il y a aussi tout un enjeu d’intelligence collective, de gouvernance partagée et de coopération. J’insiste vraiment dessus parce qu’il y a cette envie d’incarner dans ce qu’on est ce qu’on veut voir dans le monde de demain. On se forme sur ces enjeux et on a une gouvernance atypique, qui sort du pyramidal, il n'y a pas un bureau, une assemblée générale… Cet enjeu de gouvernance, de rapports de pouvoir et de prises de décision est un sujet constant, et pour moi un véritable projet dans le projet. Cela fait vraiment partie de ce qu’on est, et la manière dont on s’organise collectivement est une vraie différence par rapport à d’autres collectifs.

M. O. : Aujourd’hui à l’intérieur du collectif nous sommes cinquante, ce sont ces personnes qui prennent les décisions, et après autour de nous il y a une communauté d’à peu près deux cents, trois cents personnes qui viennent ponctuellement et peuvent nous aider sur des sujets spécifiques. On a donc aussi tout un questionnement en cours sur comment grandir tout en respectant nos valeurs, en gardant des liens forts et en faisant en sorte que personne ne se crame en interne. Nous travaillons actuellement sur la bonne manière d'accueillir tout le monde dans un cadre qui nous convient à nous et qui soit chouette pour les gens qui arrivent, avec un parcours d'engagement bien pensé. On offre des possibilités autour d’un renouvellement des modes d’action, en mettant les pratiques artistiques au cœur de ce qu'on fait, avec une balance à trouver entre l’activisme et les pratiques artistiques. Un vrai espace de joie, de partage et de liens. Toutes les personnes qui sont au Bruit Qui Court sont des personnes formidables.

© Le Bruit Qui Court

Justement, comment garder la joie malgré les mauvaises nouvelles qui pleuvent ?

J. P. : Pour moi, c’est vraiment par le collectif, le fait de ne pas être seule. Je pense que si j’étais toute seule, je serais en dépression, ça serait trop dur. Le fait de savoir qu’il y a des gens autour de moi et de créer des liens forts ça donne un élan d’agir hyper joyeux. Ça ne m’empêche pas d'avoir des moments de grande tristesse, de désespoir ou de colère, la joie n’enlève pas tout ça. 

M. O. : Tout pareil (Rires) ! Je pense qu’il y a aussi un élément à ne pas sous-estimer, dont tu parlais au début, Julie, autour de la créativité. De pouvoir stimuler son cerveau et son corps sur des aspects créatifs, ça aide à plein d’égards à une forme d'apaisement. C’est la transcendance de l’art, transformer des émotions en quelque chose de créatif, leur donner corps, les faire exister sinon elles pourrissent en toi. Il faut que ça sorte ! 

© Le Bruit Qui Court

Pour plus d'infos et pour suivre les prochaines actions du collectif :

Le collectif organise le 12 avril prochain à la Cité Fertile à partir de 20h sa première soirée L'Issue, sur réservation. « Une soirée artistique, qui a pour objectif de proposer une manière innovante et transformante de faire la fête, permettant aux participant.es de questionner leur rapport au monde et à la société. »

La deuxième édition de La Magma aura lieu le dimanche 26 mai à Paris (départ de l'Académie du Climat à 14h).

Photo à la Une : © Gabriela Larrea

Juliette Mantelet
Juliette est journaliste et co-rédactrice en chef. Ce qui l'enthousiasme par-dessus tout, c'est d'explorer le monde qui change et les futurs possibles avec optimisme par le biais de la littérature et de la pop culture.
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