Sommaire
Introduction
Selon une étude menée en 2018, l’agriculture en France serait responsable d’environ 19% des émissions de gaz à effet de serre (GES). Ce chiffre serait même sous-estimé ! En effet, il ne prend en compte ni les émissions en amont de la production (production des intrants, machines, etc.), ni celles en aval (transports, transformation des produits, etc.).
Pour limiter l’impact de l’agriculture sur le climat, la stratégie nationale bas-carbone préconise de s’appuyer d’abord sur "la poursuite et l’amplification des actions liées au projet agroécologique et à l’agriculture de précision, afin de renforcer des systèmes moins émetteurs de GES directement ou indirectement » et cite expressément l’agriculture biologique comme solution.
Alors quel est l’impact de l’agriculture biologique sur le climat en comparaison à celui de l'agriculture intensive traditionnelle ? L'ADEME, via sa base carbone Agribalyse, a récemment publié une étude sur le sujet, et les résultats sont pour le moins… Surprenants ! Carbo vous aide à y voir plus clair.
L’ACV, la méthodologie privilégiée
La base Agribalyse de l'ADEME s’appuie sur la méthodologie de l’ACV (Analyse de cycle de vie) pour estimer l’impact environnemental des produits issus de l’agriculture biologique.
💡 L'ACV recense les impacts environnementaux tout au long de la vie du produit, en se basant sur 14 indicateurs. Parmi ceux-ci, l'impact sur le changement climatique, exprimé en kilogrammes équivalents de CO2 (kg eq CO2).
Bien qu'elle ne prétende pas couvrir toute la complexité des enjeux environnementaux des secteurs agricoles et alimentaires, l'ACV est une méthode incontournable pour l'évaluation environnementale des produits agricoles et alimentaires. Elle est encadrée par la norme ISO 14044 et utilisée à l'échelle internationale par la communauté scientifique, les acteurs privés et les pouvoirs politiques.
L'ACV est particulièrement recommandée car elle est la seule méthodologie d'évaluation environnementale normée, multicritères et multi-étapes, applicable à l'ensemble des secteurs économiques. C'est ainsi la seule méthode permettant d'intégrer les différentes étapes (de la fourche à la fourchette) et d'évaluer l'ensemble des filières et des pays de production sur une base scientifique commune.
Bio VS conventionnel, les chiffres
Si l’on considère l’impact par hectare de production, les systèmes bio émettent moins de gaz à effet de serre, mais par unité de produit autant, voire plus. Cependant, attention à l’interprétation de ces chiffres, voici quelques clés pour mieux comprendre. 👇
Pourquoi la méthodologie ACV favorise l’agriculture intensive
➡️ Un biais méthodologique
Il est important de prendre en compte les limites méthodologiques de cette approche lors de l'interprétation des données, comme pour toute approche de modélisation scientifique.
L'impact sur l'environnement est mesuré en kilogramme par produit. Cette unité de mesure conventionnelle et comparative est “simple”, mais ne reflète pas la complexité des produits alimentaires et favorise les rendements les plus élevés, ce qui peut entraîner des comparaisons hasardeuses. Elle favorise donc mécaniquement les systèmes de production intensifs. Une étude menée aux États-Unis (Pelletier, 2010) montre qu'un élevage en pâturage produit 30% de plus d'équivalents CO2 qu'un élevage en "feedlots" et aura un rendement inférieur en kg de viande produite pour une même surface utilisée. Cet exemple, illustre ô combien il est important d’utiliser ces données avec des pincettes.
➡️ L’impact sur la biodiversité négligée
Agribalyse ne rend pas bien compte de l'ensemble des impacts environnementaux, notamment ceux sur la biodiversité. En effet, il n'existe pas de consensus scientifique international pour quantifier les impacts sur la biodiversité et fournir un ou des indicateurs ACV.
L'ADEME estime cependant que l’impact de l’agriculture biologique est 30 % moins élevée que l’agriculture traditionnelle notamment grâce à l’utilisation de beaucoup moins de pesticides et une meilleure préservation des sols.
De plus, ces mesures d’impact ne prennent pas en compte d’autres dimensions telles que l’impact sur la santé humaine et le bien-être des animaux.
En conclusion : quel impact final sur son bilan carbone ?
✅ Il est important de comprendre que, bien que le passage du conventionnel au bio puisse augmenter votre bilan carbone dans un premier temps, cela ne doit pas être un frein à l'adoption de pratiques plus durables. En effet, si l'on considère l'impact environnemental global, l'agriculture biologique est une solution plus respectueuse de l'environnement et du climat que l'agriculture traditionnelle.
⚠️ Cependant, pour minimiser votre impact carbone, il est important de prendre en compte certains facteurs. Tout d'abord, il est conseillé de ne pas utiliser plus de terres pour votre production, afin de ne pas encourager la déforestation ou l'expansion des terres agricoles. De plus, il est recommandé de réduire la production de produits d'origine animale, qui ont un impact environnemental plus important que les produits végétaux.
Malgré des émissions carbone similaires ou légèrement supérieures au conventionnel, passer au bio est une solution plus durable et respectueuse de l'environnement. Ce résultat “contre-intuitif” ne doit pas être décourageant mais nous amener à faire le point sur l’ensemble de son bilan carbone et ouvrir la voie à une réflexion plus large sur son impact environnemental.
🖐 Pour aller plus loin : Agriculture, quelles pratiques pour sortir du modèle intensif
📖 Sources :
👉 Le bilan climatique de l'agriculture biologique
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