Sommaire
L'AVC en résumé !
- Comment faire une ACV ?
Pour faire une ACV, il faut se poser les bonnes questions (qui va piloter le projet ? quelles données sont utiles ? comment communiquer ? etc) et choisir les bons outils (logiciels et bases de données). - Quelles sont les étapes d'une ACV ?
1. Définition des objectifs et du champ de l’étude
2. Inventaire de cycle de vie (ICV)
3. Évaluation des impacts environnementaux
4. Interprétation des résultats - Quand faire une ACV ?
L'analyse comprend la totalité du cycle de vie du produit, soit :
1. Matières premières : extraction, transformation, approvisionnement
2. Fabrication du produit fini : assemblage, emballage, construction, etc
3. Mise en circulation : distribution et commercialisation
4. Utilisation du produit : déballage, entretien, etc
5. Fin de vie : collecte, transport, recyclage, traitement des déchets, etc - Pourquoi faire une ACV ?
Une analyse de cycle de vie sert notamment à faire des choix sur tout le processus de construction d’un produit, tels que diminuer l’impact environnemental de ce produit.
L’Analyse de Cycle de Vie (ou « ACV »), c'est LA méthode incontournable pour connaître l’impact environnemental d’un produit ou d’un service. Mais pourquoi réaliser une ACV ? Comment s’y prendre et quels sont les outils à utiliser ? Carbo vous explique tout.
Qu’est-ce que l’ACV ?
Définition
L’ACV est un sigle désignant l’Analyse de Cycle de Vie. Pour en donner une définition claire, l’ACV est une méthode d’évaluation qui permet de quantifier les impacts environnementaux d’un service ou d’un produit tout au long de son cycle de vie. Cette méthode est, à ce jour, la plus aboutie et la plus scientifiquement robuste en termes d’éco-conception.
🖐 C’est aux États-Unis, dans les années 60, qu’ont été réalisées les premières analyses « cycle de vie ». D’ailleurs, la première étude sur l’ACV a été réalisée par Coca-Cola !
« L’ACV recense et quantifie, tout au long de la vie des produits, les flux physiques de matière et d’énergie associés aux activités humaines. »
Ademe
Les phases du cycle de vie d’un produit
Le cycle de vie d’un produit est composé de 5 phases :
- Matières premières : extraction, transformation, approvisionnement
- Fabrication du produit fini : assemblage, emballage, construction, etc
- Mise en circulation : distribution et commercialisation
- Utilisation du produit : déballage, entretien, etc
- Fin de vie : collecte, transport, recyclage, traitement des déchets, etc

Une double approche
Si l’ACV est une évaluation aussi robuste c’est notamment grâce à une double approche : cycle de vie et multicritère.
L’approche « cycle de vie »
Cette première approche signifie que l’on prend en compte dans l’étude toutes les étapes du cycle de vie d’un produit, évoquées précédemment, pour recenser les flux.
L’approche « multicritère »
L’approche dite multicritère renvoie directement à cette notion de flux. Elle correspond à tout ce qui entre dans la fabrication du produit et tout ce qui sort. On parle alors de flux entrants (ressources en eau, en pétrole, en gaz, etc) et de flux sortants (des émissions gazeuses, du liquide rejeté, etc). Réaliser une ACV comprend donc une étape de collecte des informations relatives aux flux et de quantification de ces derniers au cours de l’évaluation.
Les normes
On dit de cette méthode d’analyse de cycle de vie qu’elle est normalisée. Autrement dit, elle est cadrée par la norme ISO 14040 et la norme 14044. Ces normes internationales définissent les principes, les exigences et les modalités de l’analyse de cycle de vie.
Elles font partie des ISO 14000 qui régissent le management environnemental des entreprises.
🖐 Pour rappel, l’International Organization for Standardization (ISO) est un organisme de normalisation. L’ISO fournit ainsi des règles et des lignes directrices pour différentes activités.
À quoi sert une ACV ?
Une analyse de cycle de vie sert notamment à faire des choix sur tout le processus de construction d’un produit. Les résultats obtenus permettent par exemple de visualiser les étapes de cycle de vie les plus polluantes d’un produit pour ensuite trouver des axes d’amélioration pour diminuer l’impact environnemental de ce produit.
C’est un peu le même principe que pour un bilan carbone. Réaliser le bilan carbone de son entreprise est la première étape d’une démarche de réduction de ses émissions. Véritable outil, le bilan carbone est l’étape de diagnostic et d’auto-évaluation, avant de passer à l'action.

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Comparer l’impact environnemental de vos produits
On peut utiliser l’ACV pour comparer différentes options et ainsi en déduire la meilleure. Par exemple pour la distribution, cela permet de connaître l’impact environnemental de plusieurs options de transport et de les comparer entre elles. On construit donc des scénarios potentiels pour éliminer ceux présentant le moins d’avantages afin notamment de protéger l'environnement.
Avec l’ACV, on peut comparer :
- deux produits ayant la même fonction (ex : un déodorant en stick et en spray)
- deux produits différents ayant la même fonction (ex : une voiture et un train)
- un bien et un service « dématérialisé » (ex : un courrier postal et un e-mail)
Réduire l’impact environnemental de vos produits
Une fois le « diagnostic » du produit obtenu, on connaît son impact environnemental et on peut ainsi agir pour le réduire. Cette volonté de concevoir des produits respectant les principes du développement durable et de l'environnement se nomme éco-conception.
Par exemple, dans le cas d’un stylo, les matières premières ont un impact environnemental important comparé à l’utilisation et à la distribution. Pour concevoir un stylo de manière plus responsable, il faut alors se focaliser sur l’extraction de ces matières premières utiles à la fabrication ou à la construction du produit. Les questions à se poser : est-il plus intéressant en terme d’impact environnemental de changer pour une autre matière ? Faut-il changer de fournisseur de matières premières ?
L’ACV permet d’analyser l’empreinte environnementale, elle est donc un outil très important dans la stratégie RSE d’une entreprise. Il faut donc l’intégrer dans le rapport RSE ou dans tout autre type de communication.
Les étapes de réalisation d’une ACV
Qui peut faire une ACV ?
L’ACV peut notamment être utile pour :
- les instances publiques internationales, nationales et européennes ;
- la communauté scientifique ;
- les industriels.
Toute organisation proposant des biens ou des services peut se lancer dans une analyse de cycle de vie. Du chef de produit au responsable marketing en passant par l’ingénieur environnement ou bâtiment, tout le monde peut s’en charger.
Évidemment il faut avoir les connaissances nécessaires et cela passe souvent par une formation à la méthode ACV. Mettre en place des solutions nécessite l’utilisation et la maîtrise d’outils, de raisonnements particuliers, de bases de données spécialisées, etc.
1. Définition des objectifs et du champ de l’étude
Plusieurs paramètres sont à définir :
- Les objectifs ;
- L’application qu’il sera faite de l’ACV : comparaison, éco-conception, etc ;
- La cible de l’étude : interne ou externe ;
- La divulgation des résultats ;
- Les frontières du système étudié ;
- L’unité fonctionnelle ;
- etc.

L’unité fonctionnelle est « l’unité de mesure utilisée pour évaluer le service rendu par le produit » selon l’Ademe. On utilisera par exemple une unité de puissance énergétique comme le watt pour une ampoule et une unité de longueur comme le kilomètre pour un stylo (la longueur d’écriture).
Pour obtenir une unité fonctionnelle pertinente, 3 critères doivent être étudiés :
- la durée de vie du produit ;
- la quantité et la fréquence d’utilisation ;
- la performance.
2. Inventaire de cycle de vie (ICV)
On quantifie ici l’intégralité des flux entrants et sortants pour chacune des phases du cycle de vie du produit. Ces données sont rapportées à l’unité fonctionnelle choisie.
Lors de l’ICV, les flux collectés sont les facteurs d’activités et les facteurs d’émissions. Les premiers correspondent aux kilomètres parcourus, aux tonnes transportées, etc. Quant aux facteurs d'émissions, ils représentent les quantités d’oxyde d’azote (NOx) rejetées dans l’air et d’Orthophosphates (PO4) rejetées dans l’eau.
L’étape de l’ICV est la plus délicate de l’analyse de cycle de vie car le risque d’erreurs est élevé. Pour réaliser cet inventaire, deux possibilités : utiliser un logiciel d’ACV ou un tableur.
3. Évaluation des impacts environnementaux
Il s’agit d’évaluer les impacts potentiels pour chacun des flux entrants et sortants présents dans l’inventaire. Ces impacts se déclinent en 2 catégories : les midpoints et les endpoints.
Les midpoints
Les midpoints caractérisent les flux en indicateurs d’impacts « problématiques », les impacts au milieu de la chaîne de causalité. Cette méthode est la plus utilisée.
Les endpoints
Il s’agit ici des dommages potentiels, des impacts en fin de chaîne de causalité. Les endpoints sont moins reconnus car moins robustes scientifiquement parlant.
4. Interprétation des résultats
Les résultats obtenus doivent être interprétés en fonction des objectifs définis. Cela peut amener à trouver des axes d’amélioration en termes d’impacts environnementaux pour tout le processus.
Comment faire une ACV ?
Se poser les bonnes questions
Parce qu’il n’est pas toujours évident d’y voir clair au début d’un projet et parce que réaliser une ACV demande du temps et de l’investissement, voici les bonnes questions à se poser avant de se lancer :
- Allons-nous réaliser l’ACV d’un produit similaire ou du nôtre ?
- Mon entreprise est-elle capable de réaliser une ACV en interne ou devons-nous faire appel à un sous-traitant ?
- Sommes-nous dans la capacité d’obtenir des données précises pour l’inventaire du produit ou du service ?
- Les bases de données sont-elles adaptées à notre produit ?
- Allons-nous communiquer les résultats ?

Choisir les bons outils
Voici une liste non exhaustive de logiciels et de bases de données que vous pouvez utiliser pour la réalisation d’une ACV.
Les logiciels
De manière très concrète, un logiciel d’analyse de cycle de vie permet de définir les flux et donc de réaliser l’inventaire. 2 catégories distinctes sont ainsi obtenues : les composants du produit et les énergies nécessaires à sa fabrication. Un logiciel d’analyse de cycle de vie facilite surtout le travail en équipe et simplifie le processus.
Logiciel | Bases de données | Accès gratuit |
---|---|---|
SimaPro | Ecoinvent v3, Agri-footprint et la base ELCD, etc. | Essai gratuit pendant 30 jours |
GaBi | Base de données propre qui contient environ 5 000 données | Essai gratuit pendant 30 jours |
OpenLCA | ProBas, Agri Balyse, Ecoinvent, etc | Logiciel gratuit et libre de droit |
Ecodesign Studio | Base IMPACT, ecoinvent, FDE01-008, etc | Essai gratuit pendant 30 jours |
Les bases de données
Les bases de données regroupent les informations nécessaires pour calculer les impacts sur l’environnement.
Projet | Thématique | Zone géographique | Licence |
---|---|---|---|
Agribalyse | Agriculture | France | Gratuite |
Agri-footprint | Agriculture | Monde | Payante |
Base IMPACTS | Global | France | Gratuite |
Ecoinvent | Global | Monde | Payante |
ELCD | Global | Europe | Gratuite |
Exiobase | Global | Monde | Gratuite |
FD E01-008 | Mécanique | France | Payante |
GaBi | Global | Monde | Payante |
NEEDS | Prospectif | Europe | Gratuite |
Exemple d’ACV : le smartphone
Pour vous donner un exemple concret, voici un exemple d’analyse de cycle de vie d’un iPhone 11 (d’après la fiche environnement d’Apple).
⚠️ Cette ACV ne prend en compte que les émissions de CO2.

La fiche environnement d’Apple prend en compte 4 phases :
- Production (qui comprend les matières premières et la fabrication) ;
- Distribution (qui comprend l’emballage et le transport)
- Utilisation
- Fin de vie
🏭 Production : 79% d’émissions de CO2
La production comprend l’extraction et le transport des matières premières, la fabrication, l’assemblage et le packaging.
🖐 Le packaging de l’iPhone 11 est composé de moins de 7% de plastique selon Apple.
Matières premières
Le smartphone est notamment composé d’aluminium, de plastique, dont 35% de plastique recyclé, d’étain, de cobalt, etc.
Son emballage est fabriqué avec des matériaux en fibre recyclables à 93%.
Fabrication
L'iPhone 11 est produit dans l'usine Foxconn de Chennai en Inde, ce qui était également le cas pour l’iPhone XR.
Les sites d'assemblage final du smartphone ne génèrent aucun déchet envoyé en décharge.
✈️ Distribution : 3% d’émissions de CO2
La distribution comprend le transport aérien et maritime du produit fini. Il s’agit du transport de l’usine au point de vente et du point de vente au client final.
Généralement, les iPhones arrivent dans les pays acheteurs dans des avions bien chargés. Les produits sont ensuite acheminés par les routes. Un transport à l'impact environnemental très important en somme.
🖐 Toute la fibre de bois des emballages de l’iPhone 11 est soit recyclée ou provient de forêts gérées de manière responsable.
📱 Utilisation : 17% d’émissions de CO2
Apple considère que le téléphone est utilisé pendant une durée de 3 ans par le premier utilisateur. L’utilisation est ainsi basée sur les données des consommateurs.
💀 Fin de vie : <1% d’émissions de CO2
La fin de vie comprend le transport du point de collecte jusqu’au centre de recyclage et l’énergie utilisée pour récupérer les matériaux du téléphone.
Apple Trade In permet aux consommateurs de retourner leurs anciens appareils à Apple. Les clients peuvent ainsi échanger des appareils éligibles contre une carte-cadeau Apple Store. Engagement environnemental ou stratégie marketing ? On vous laisse juger.