Qui a dit que la finance était déconnectée de la société ? Certainement pas les investisseurs qui s’intéressent à l’Impact Investing ! L’arrivée de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis, la crise liée au Covid-19 et plus largement l’envie d’un « monde d’après » marquent un nouveau départ pour cette finance durable et responsable qu’il serait dommage, 13 ans après ses débuts, de considérer comme une simple tendance.
Selon le Global Impact Investing Network (GIIN), une ONG spécialisée, l'Impact Investing ou investissement à impact, en bon français, représente « des investissements faits dans les entreprises, les organisations ou les fonds, avec l'intention de générer des impacts environnementaux et sociaux positifs en même temps qu'un rendement financier ».
De fait, l’Impact Investing exclut de financer toutes entreprises ou tous secteurs ayant des impacts négatifs sur la société et son environnement. La transition énergétique, la santé, l’agriculture ou encore l’éducation sont alors privilégiés. Aussi bien pour leur rentabilité que pour leur impact positif.
✋ En France, le fort développement du nombre d’entreprises tournées vers l’économie sociale et solidaire a été facilité par la loi PACTE votée en 2019. Celle-ci a introduit la notion « d’entreprise à mission » par laquelle une entreprise peut se définir une « raison d’être » .
A contrario, l’investissement socialement responsable (ISR) opte essentiellement pour des placements sur les marchés cotés et n’écarte a priori aucune entreprise et aucun secteur. Une société liée aux énergies fossiles peut recevoir un investissement labellisé ISR lorsqu’elle limite une de ces externalités négatives.
✋ Soutenu par le Ministère de l'Économie, des Finances et de la Relance, un label ISR a été créé en 2016 pour donner aux épargnants plus de lisibilité sur les produits socialement responsables.
L’Impact Investing s’écarte également de la philanthropie, car l'investisseur.se souhaite bénéficier d'un retour sur investissement, tout en observant une performance sociale et environnementale tangibles. Un autre terme à ne pas confondre avec l'Impact Investing est la finance solidaire. Ce terme désigne en effet des activités qui luttent contre l’exclusion ou agissent pour le développement durable.
Répondre à cette question n’est pas une mince affaire. Comme pour les fonds ESG, les critères ne sont pas clairement définis pour les investissements à impact. Selon Eurosif, ces investissements représentent 108 milliards d'euros d'encours pour 2017 en Europe.
« L’Impact Investing exclut de financer toutes entreprises ayant des impacts négatifs sur la société et son environnement »
À titre de comparaison, l’ensemble de l’ISR en Europe représente 12 000 milliards d’euros. Mais selon le GIIN, cela représente 228,1 milliards de dollars collectés à travers le monde, toujours en 2017. Sachant que l’Europe ne représente que 11% des montants globaux, difficile de s’y retrouver. Une certitude tout de même : le secteur connaît une croissance de 50 % par an en moyenne depuis 2011.
Cette pratique peut concerner toutes les classes d’actifs. La dette représente environ un tiers des investissements, via notamment les obligations vertes (green bonds) et les obligations durables. Viennent ensuite les private equity et les actifs réels, dans les secteurs de l‘environnement, de l’énergie, de la santé ou de l’entrepreneuriat social. A noter que 56% des investissements se font dans des pays dits en développement.
Cette recherche d’un engagement plus fort en faveur du climat et du social, comparé notamment au label ISR, change la nature des principaux investisseurs.
Aux Etats-Unis, où l’Impact Investing a vu le jour après le krach boursier de 2007, ce sont en majorité des fondations (Rockefeller, Gates ou Kellogg's en tête), des investisseurs individuels fortunés et des fonds de pension qui ont recours à l’impact investing dans leurs placements financiers. Leur particularité : ils investissent directement leur capital dédié dans des entreprises à fort impact social et environnemental. Sans passer par des sociétés de gestion spécialisés ou des banques. L’engagement dans l’impact investing est, en revanche, très limité chez les citoyens américains, qui ne représentent qu’une infime partie des investisseurs.
En France, l’écosystème est bien différent. C’est le financement intermédié (particuliers, entreprises ou fondations qui demandent à des sociétés financières de placer leur argent dans des entreprises à impact), qui y est le plus important en volume.
D’après le (très complet) rapport de l’Impact Invest Lab, cette différence s’explique « par les pratiques d’investissement des français ». À savoir : une habitude d’une gestion de l’épargne collective, épargne salariale et individuelle via leurs banques ou des gestionnaires d’actifs classiques. Mais aussi par la faible connaissance de l’investissement direct dans les entreprises à « impact social ».
✋ Le Forum pour l’Investissement Responsable (FIR) organise chaque année la Semaine de la Finance Responsable. Cette semaine vise en particulier à sensibiliser le grand public à l’ensemble des facettes de la finance responsable.
Et comme le monde est bien fait, Paris Impact Investing a répertorié une liste des principaux fonds à impact social et environnemental. On vous en a sélectionné dix.
Fonds | Montant sous gestion | Exemples du portfolio |
---|---|---|
Inco | 150 M€ | Phénix, Centimeo, Upcycle |
Citizen Capital | 65 M€ | Make.org, Open Classroom, Ulule |
Impact Partenaires | 110 M€ | iRaiser, Wrung, Archideco |
Alter Equity | 100 M€ | Bo.ho Green, OpenAirlines |
Make Sense | 8.2 M€ | MyTroc, GreenGo |
Raise Impact | 100 M€ | WeNow, M2I |
France Active Inv | 237 M€ | Simplon, Enercoop |
Biocoop (Défiobio) | 6 M€ | BioBurger, Biogam |
Investir & + | 9 M€ | Yuka, Recyclivres, Sparknews |
XAnge | - | La Ruche Qui Dit Oui, microDon |
Il existe plusieurs pratiques communes à ces sociétés de gestion. À commencer par l’analyse d’une opportunité d’investissement qui se fonde sur une performance financière ET extra-financière. Ce second volet s’appuie sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (aussi appelés critères ESG) mis en place pour faciliter l’émergence de l’ISR.
En 2018, 1 300 000 contributions dans l’hexagone, réparties sur une quinzaine de plateformes, ont participé à la création de projets de tous types. Parmi ces contributions, de plus en plus se tournent vers des projets d’économie sociale et solidaire (ESS). On parle de « Crowd Impacting ». Une pratique qui apporte du sens à son épargne.
Pas de faux suspens. L’impact investing implique dans certains cas une performance moindre que celle d’investissements plus classiques, comme l’ISR.
La différence ? Les risques de rendement réduit sont acceptés par l’investisseur puisque un impact environnemental ou social positif est tout aussi important dans la démarche. Cette « concession » est toutefois à contrebalancer avec le retour des investisseurs. 90% des investissements à impact en 2017 dépassent les attentes des investisseurs grâce aux rendements financiers très attractifs selon le GIIN.
Une tendance qui pourrait s’accentuer à l’avenir. Car comme le résume bien Les Échos, « si le marché accorde aujourd'hui une prime à la durabilité, il pourrait demain donner un handicap à ceux qui ne s'en soucient pas. » Et donc pénaliser les entreprises qui ne respectent aucun critère ESG - voire aucune politique de développement durable. Un vrai boulevard pour la finance durable ?
Le développement de l’Impact Investing est une des réponses de la finance aux problématiques sociales et environnementales. Son avantage est que tous les acteurs peuvent en être : les banques, les entreprises et les particuliers.
Vous souhaitez lever auprès de sociétés de fonds spécialisés dans l’impact investing en France ? Les interlocuteurs seront les mêmes que les particuliers : plateformes de crowdfunding, banques et sociétés de gestion.
Les fonds à impact analyseront votre startup à l’aune des 3 critères ESG. Un seul de ces critères peut suffire, à condition que votre secteur d’activité ait un impact positif sur la société et l’environnement.
Voulez passer par la case crowdfunding ? Ce sera à vous de convaincre les particuliers qu’investir chez vous a un réel impact social et environnemental, tout en garantissant un rendement minimum.
Une vraie dynamique est en cours, portée par un désir d’améliorer leur notation extra-financière. L’opérateur Orange a par exemple émis, début septembre et pour la première fois, 500 millions d'euros d'obligations durables, selon Alternatives Économiques. 60% des fonds seront consacrés à « des projets relatifs à l'efficacité énergétique et à l'économie circulaire ». Le reste étant dédié à « des projets d'inclusion numérique et sociale ».
Vous n’avez pas 500 millions sur votre livret, mais vos principes vous obligent à rendre votre épargne plus responsable ? Aucun souci, puisque ce ne sont pas moins de trois solutions qui s’offrent à vous.
👉 La première, la plus simple, est de vous rapprocher de votre banque en lui demandant ses offres en matière d’investissement à impact.
👉 La seconde est d’investir directement dans un fond à impact, dont on a parlé plus haut. Il n’y a plus qu’à regarder les montants nécessaires, les actions entreprises par les fonds et à les contacter.
👉 La troisième, nous l’avons vu plus haut, c’est le crowdfunding. Et là dessus, on vous fait confiance pour bien choisir votre projet !