Sommaire
2015, l’année de la COP 21, représente un tournant dans la prise de conscience environnementale. À la veille de la conférence, une marche pour le climat est organisée. L’objectif est d’inciter les pouvoirs publics à adopter des mesures en faveur de l’écologie. L’ampleur de cette marche est inédite et révèle une véritable conscientisation de l’urgence climatique. La problématique environnementale concerne tous les acteurs de la société et notamment les banques. Un nouveau sens est donné à l’activité économique : la finalité n’est pas la maximisation du profit mais l’intérêt collectif. Comment concilier finance et éthique ? Est-ce véritablement possible ? En quoi des financements peuvent-ils être « verts » et une banque, « éthique » ?
Classement des banques françaises de la plus éthique à la moins éthique d'après Moralscore :
- La Nef
- Ma French Bank
- Crédit Coopératif
- Monese
- La Banque Postale
- N26
- Revolut
- ING
- CIC
- Orange Bank
- Boursorama
- Caisse d'épargne
- Crédit Mutuel Arkea
- BforBank
- Nickel
- Hello bank!
- Crédit Agricole
- Crédit Mutuel
- HSBC
- Banque Populaire
- Société Générale
- LCL
- BNP Paribas
Qu’est-ce qu’une banque « éthique » et pourquoi ?
Un projet humain avant d’être économique
Un système coopératif
La marche pour le climat et les différents évènements qui lui ont succédé, manifestent une conscience écologique globale. Ce sont autant d’actualités qui poussent les acteurs financiers à changer de paradigme. Cela a entrainé l'émergence d'un nouveau type de banque : les banques éthiques.
Cet établissement bancaire d’un nouveau genre place au cœur de ses activités les relations humaines. Proximité et transparence sont ses mots d’ordre. Une banque éthique cherche avant tout à recréer un lien entre la société et l’économie. Elle redonne une responsabilité aux individus dans la gestion de leur argent. À travers un système coopératif, la banque éthique s'oriente vers une finance solidaire et constitue une véritable alternative aux banques traditionnelles. Les sociétaires deviennent le moteur des décisions prises par la coopérative et volent ainsi ce rôle aux actionnaires. La Nouvelle Économie Fraternelle (Nef) par exemple, propose à ses épargnants de participer aux assemblées générales, qui donnent l’orientation de la coopérative.
Un système transparent
De plus, le lien entre épargnants et emprunteurs est rendu clair et transparent. La liste des projets financés est rendue publique. Cela permet aux clients de savoir comment leur épargne est réinvestie par la banque. Les sociétaires gèrent leurs finances et peuvent placer des fonds dans des associations et entreprises de leur choix. Le Crédit Coopératif ou la Banque Postale proposent un livret (le Livret Développement Durable et Solidaire) qui s'inscrit dans une logique sociale et solidaire. De même, le Livret Nef offre aux sociétaires la possibilité de verser une partie des intérêts, à des associations partenaires.
Les adhérents participent activement à la vie de la banque. Ils ont une vision claire de l’utilisation de leur épargne. Acteurs pleinement responsables, ils ont la possibilité d’utiliser leur argent de manière utile. Ils peuvent par exemple choisir de financer des projets en faveur de l’environnement. La contrepartie est que pour préserver cette transparence, les motifs des sociétaires et des clients doivent être clairs. Tout particulier et professionnel peut obtenir un crédit si l’objet de sa demande détient une portée sociale, environnementale et/ou culturelle. Le crédit est donc accordé si le projet s’inscrit dans une dynamique éthique.
Des projets pour une économie sociale et solidaire (ESS) et un suivi de proximité
Projets locaux, entrepreneurs sociaux ou monde associatif, dans le commerce équitable, celui des énergies renouvelables ou des filières biologiques, etc. Les banques éthiques soutiennent des projets porteurs d’une « plus-value » environnementale et/ou sociale. Ces coopératives accompagnent les entreprises innovantes, et utilisent une intermédiation simple. Le banquier itinérant permet en effet, un suivi de proximité. Les conseillers sont présents sur le terrain, auprès des entrepreneurs et des épargnants.
À la recherche d’une finance verte
La naissance d'une banque éthique
En France, ce sont dans les années 70-80 qu’émerge le modèle de banque éthique. En 1978, la Nef voit le jour sous forme d’association, inspirée de la banque éthique allemande : GLS Bank. La réglementation plus stricte de la loi 1984, incite la Nef à se placer sous tutelle du Crédit Coopératif. Devenue un établissement financier, elle se rapproche ensuite de deux autres banques alternatives : la Banca Etica (Italie) et la FIARE (Espagne). Ensemble, elles agissent pour faire rayonner ce nouveau modèle bancaire et alternatif, à l’échelle européenne.
Une économie sociale et solidaire internationale
La Banca Etica, la FIARE et la Nef ont participé à l’émergence de la Fédération européenne des banques éthiques et alternatives (FEBEA). Elle regroupe aujourd’hui 26 membres provenant de 15 pays, et dont est issue la SEFEA – Société Européenne de Finance Ethique et Alternative. Cette société a pour but d’impulser une économie sociale et solidaire à l’échelle européenne, et accompagne les différents projets financiers alternatifs. Une proposition de banque éthique européenne est en pleine gestation, et devrait impliquer environ 50 000 associés, chacun ayant la possibilité de participer à la banque de sa région
Une aspiration écologique freinée
Bien qu’une conscience éthique émerge, celle-ci se heurte à des résistances. Malgré des plans d’action lancés lors de réunions internationales comme One Planet Summit, Lucie Pinson constate l’addiction des acteurs financiers aux industries polluantes. La militante de l’ONG Reclaim Finance, a réussi à pousser plus d’un groupe financier français à se désengager du charbon. Mais les habitudes ont la vie dure : les banques traditionnelles continuent de financer des industries polluantes. Certains acteurs comme BNP Paribas ont créé des fonds ISR (Investissement Social et Responsable) en faveur de la transition écologique. Mais les résultats sont relatifs. Le rapport des Amis de la Terre le confirme.
Selon ces derniers, le financement des banques dans des industries utilisant des énergies fossiles aurait doublé depuis l’Accord de Paris. En quatre ans, les plus grandes banques de France auraient totalisé $295 milliards d’investissements dans les énergies fossiles.
Pourquoi se tourner vers une banque éthique ?
Une épargne citoyenne et engagée vers une finance plus verte
Devenir client d’une banque éthique, c’est redonner un sens à son épargne. Vous avez alors la possibilité d’investir dans des projets écologiques et solidaires qui favorisent la transition écologique. Et vous soutiendrez donc l’émergence d’une économie sociale et solidaire.
🖐 La Nef réinvestit 65% à 75% de l’épargne collectée au profit de projets alternatifs.
Elle soutient, grâce à ce modèle coopératif et mutualiste, 490 initiatives. En devenant client de ces banques, on soutient des projets solidaires et à impact positif. Vous devenez acteur d'une finance durable.
Banque éthique : une gestion utile, sociale et transparente de l’argent
Plus encore, les banques éthiques rétablissent le lien entre les épargnants et les emprunteurs. Le circuit de l’argent au sein de ces entités est explicite. Les épargnants comprennent clairement l’utilisation de leur épargne. En tant que sociétaire, l’opportunité vous est donnée d’être entièrement responsable de la gestion de votre argent. Vous pouvez investir dans des projets d'une utilité sociale, écologique et même culturelle. Placer son argent dans un livret proposé par la banque ou la coopérative est un exemple d'utilisation consciencieuse de son argent.
Quelle est la banque la plus éthique ?
Changer pour une banque éthique, un pari d’avenir
Les Amis de la Terre et le mouvement Énergie Partagée militent depuis 2015 pour une transition écologique. Ils incitent les clients des banques traditionnelles à trouver des alternatives éthiques.
En 2007, les Amis de la Terre ont établi un guide appelé "Environnement : Comment choisir ma banque ?" qui fait l’état des lieux de l’impact social et environnemental de ces établissements bancaires, en France. L’objectif est d'installer un mouvement et une prise de conscience globale. Les Amis de la Terre et Energie Partagée ont l’ambition d’un changement de banque massif pour un changement de comportement global. Au regard des actualités, certains établissements bancaires prennent les devants et se mettent en marche vers une finance plus verte.
Banques | Risques climatiques |
La Nef | Impacts minimes |
Ma French Bank | Impacts minimes |
Crédit Coopératif | Impacts minimes |
Monese | Risques modérés |
La Banque Postale | Risques modérés |
N26 | Risques modérés |
ING | Risques importants |
CIC | Risques importants |
Orange Bank | Risques importants |
Boursorama | Risques importants |
Caisse d'épargne | Risques importants |
Crédit Mutuel Arkea | Risques importants |
BforBank | Risques importants |
Nickel | Risques importants |
Hello bank! | Risques importants |
Crédit Agricole | Risques importants |
Crédit Mutuel | Risques maximum |
HSBC | Risques maximum |
Banque Populaire | Risques maximum |
Société Générale | Risques maximum |
LCL | Risques maximum |
BNP Paribas | Risques maximum |
Helios | Impacts encore inconnus |
Green-Got | Impacts encore inconnus |
OnlyOne | Impacts encore inconnus |
BANQUES FRANÇAISES | RISQUES CLIMATIQUES |
---|---|
La Nef | Impacts minimes |
Crédit Coopératif | |
La Banque Postale | Risques modérés à risques importants |
Crédit Mutuel - CIC | |
Banque Populaire | |
Caisse d'Épargne | |
Société Générale | Risques maximum |
Crédit Agricole - LCL | |
BNP Paribas | |
Helios | Impacts encore inconnus |
Green-Got | |
OnlyOne |
L’indétrônable Nef, la banque la plus écologique
La première place revient à la Nef qui se détache de toutes les autres banques pour sa transparence. La Nef, cette banque en ligne éthique, fait partie des banques les plus honnêtes. Cette banque verte établit une relation étroite entre ses sociétaires. En effet, la coopérative propose différents services de crédit, d’épargne et même des plans de financement participatif. Ces produits bancaires permettent l’accompagnement d’entreprises et d’associations actant pour la transition. L’objectif de l’ensemble des produits proposés est d’accompagner le développement de tout type de projet à impact positif.
Bien évidemment, le Nef ne soutient aucune activité produisant des externalités négatives. La banque en ligne solidaire s’appuie uniquement sur les fonds et le capital apportés par ses sociétaires. Elle ne s’appuie pas sur les marchés financiers comme les établissements bancaires classiques. Les intérêts issus du Livret Nef par exemple, servent à financer le crédit accordé aux clients. La contrepartie est le caractère limité des services proposés. Par exemple, les clients ne peuvent pas disposer de compte courant.
Des banques éthiques en devenir : le Crédit Coopératif et la Banque Postale
Arrivent en seconde et troisième place le Crédit Coopératif et la Banque Postale, toutes deux des banques éthiques en devenir. La coopérative suit la ligne éco-solidaire à l’instar de la Nef. Elle propose des produits qui soutiennent des projets porteurs de sens. Ses sociétaires détiennent la coopérative. Ils ont la possibilité de suivre le parcours de leur argent et choisir quelle association ou quelle entreprise financer. Sa ligne de conduite semble donc correspondre à celle d’une banque éthique. Le seul « hic » est son appartenance au groupe BPCE qui entrave la transparence de son activité : en tant que client.e, je ne sais pas où va mon argent.
La Banque Postale a également entamé ce virage dans l’affirmation et le soutien d’une économie sociale et solidaire, par le développement d’un « Fonds carbone ». L'objectif : parvenir à une neutralité carbone comme annoncé en 2015. Elle poursuit l’initiative d’être la première structure bancaire ayant la totalité de « ses fonds ouverts labellisés ISR ». De plus, elle refuse tout financement d’entreprises ou d’industries émettrices ou utilisant des énergies fossiles. Mais la poursuite de cette ligne éco-solidaire reste limitée.
Des banques éthiques en ligne
Depuis peu, des banques en ligne ont émergé et cherchent à construire un modèle bancaire nouveau et durable. Elles portent les mêmes éthiques de transparence et écologique. Apparue en 2019 en France, Hélios s’inscrit dans une finance verte et durable. Aucune obligation de changer de banque. L’utilisation de la carte bancaire pour des achats du quotidien suffit à s’inscrire dans une dynamique citoyenne et éco-responsable. Les frais classiques associés à la carte Hélios, servent à financer des projets à impact positif. Hélios expose clairement et simplement son objectif : « dépolluons la banque ».
D’autres banques en ligne dans ce même élan éthique, existent. Green-Got et OnlyOne ré-investissent l’épargne des adhérents dans une économie plus responsable. Ces banques en ligne aident également le client à comprendre son empreinte carbone.
Le groupe des mauvais élèves
Les banques classiques auxquelles une majeure partie de la population appartient, s’inscrivent progressivement dans une finance durable. Le groupe Crédit Mutuel a, par exemple, créé des fonds socialement responsables et développe ses engagements RSE. Mais le manque de transparence et le financement d’activités pollueuses n’en font pas des banques éthiques pour autant. Les banques dites classiques financent en effet de grandes entreprises en leur accordant des crédits à court terme, des prêts à plus ou moins long terme, et des découverts.
Certaines actualités entachent, par ailleurs, l’image de ces établissements bancaires. Médiapart révélait en 2019, l’implication du groupe BNP Paribas dans un scandale environnemental. Le groupe participe au financement de « la plus grande centrale d’énergie hydroélectrique » en Colombie. Ce projet a des conséquences désastreuses sur l'environnement mais aussi sur la société. Ce type d’actualités nous incite à porter un regard plus critique vis-à-vis d’acteurs financiers, et pourquoi pas d’agir en conséquence.
Voici les financements totaux accordés par les banques françaises aux énergies fossiles, renouvelables et autres énergies sur la période 2016-2017, d'après le rapport d'Oxfam :
Changer pour une banque éthique : un acte éco-solidaire
Gérer ses finances de manière plus responsable implique un travail de réflexion et d’analyse. C'est donc du temps supplémentaire et un investissement personnel. On ne change pas de banque tous les quatre matins. Mais cette action est un véritable levier dans la lutte pour l’environnement, puissant et à la portée de tous. Vous pouvez ainsi placer vos euros dans un livret proposé par la Nef, le Crédit Coopératif ou la Banque Postale. Ou, vous pouvez choisir d’accompagner des projets novateurs et à impact positif.
Désormais, les questions environnementales s’insèrent dans l’agenda d’entreprises et d’institutions financières, mais aussi dans nos choix au quotidien. Tout ceci nous pousse donc à réfléchir a des solutions rationnelles, ayant un impact social et environnemental.