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Parlons de l’habitat de demain. Et il y a deux enjeux majeurs. D’une part, la rénovation thermique et énergétique des bâtiments actuels, d’autres part la construction d’habitats plus écologiques (on parle aussi de constructions bioclimatiques). Aujourd’hui, on va s’attaquer principalement à ce deuxième point. Quels sont les enjeux de ce type de construction ? Les avantages et inconvénients ? Les grands principes et éléments incontournables d’une maison bioclimatique ? Bref, on vous explique tout ce que l’on sait sur la conception bioclimatique. C’est parti !
Quel est l’impact du secteur du logement en France ?
Avant toutes choses, parlons de l’impact du logement en France.
Voilà quelques chiffres partagés par l’ADEME :
- Le bâtiment est le premier secteur en matière de consommation d’énergie (chauffage, climatisation, équipements, éclairage, etc.)
- La consommation du secteur a augmenté de 20 % en 30 ans.
- 44% part de la consommation d’énergie en France due aux bâtiments premier secteur en matière de consommation d’énergie
- +75% part du CO2 émis par un bâtiment provenant de la phase de construction
Qu’entend-on par conception bioclimatique ?
Dans cet article, nous n’allons pas regarder la partie rénovation thermique. En revanche, nous allons essayer de comprendre la vision de conception bioclimatique et ses leviers.
Une conception de logement qui repose sur 3 piliers
La conception bioclimatique repose sur plusieurs éléments :
- La sobriété énergétique (consommer moins et mieux)
- L’intégration de l’habitat dans son environnement
- La dimension durable (concevoir avec des matériaux qui tiennent dans le temps)
Pour résumer, une maison bioclimatique n’est pas une simple maison. C’est un habitat pensé comme un tout. Tout y est étudié pour parvenir à une optimisation efficace de la consommation énergétique (orientation, choix des matériaux, disposition des ouvertures, etc…).
Un habitat pensé pour être intégré dans son environnement
Revenons sur ce point clé.
L’idée n’est pas de revenir à l’âge de pierre. Se chauffer à la bougie, dessiner dans les grottes. La conception bioclimatique consiste à offrir le meilleur confort aux habitants du lieu grâce à un logement conçu de manière saine et efficace. Oui, ça parait logique. Et pourtant.
On a tous déjà entendu parler des fameuses passoires thermiques (ces logements particulièrement énergivores). Il est bien connu également que la construction d’un habitat à un coût important. Il peut être tentant au début de privilégier des installations moins coûteuses mais moins efficaces sur le long terme. C’est un choix court terme, pas forcément stratégique sur le long terme.
Bref, la conception bioclimatique peut passer par de nombreuses actions (luminosité, température, nature, etc…). Nous y reviendrons plus en détail en bas de cet article.
Un habitat pensé pour avoir une bonne efficacité énergétique
Avant d’aller plus loin, qu’entend-on par efficacité énergétique ? D’après Wikipédia, ce serait :
En économie, l’efficacité énergétique ou efficience énergétique désigne l'état de fonctionnement d'un système pour lequel la consommation d’énergie est minimisée pour un service rendu identique. C'est un cas particulier de la notion d’efficience. Elle concerne notamment les transports motorisés, les métiers du bâtiment et l'industrie.
Et en plus simple ? C’est le rapport entre l'énergie produite et l’énergie consommée. Pour parvenir à un bon équilibre, quatre aspects sont incontournables :
- Maintenir un bon équilibre thermique entre les pièces
- Optimiser l’évacuation et la diffusion de la chaleur et de l’humidité
- Optimiser l’orientation de la maison pour avoir une bonne température en toutes saisons
- Penser efficacement les aérations
Est-il possible de réaliser des économies grâce à une conception bioclimatique ?
Tout à fait, et c’est d’ailleurs un des arguments majeurs au déploiement de ce type de logement.
L’objectif de la conception bioclimatique est d’imaginer un logement de façon plus saine et responsable. Cela implique non seulement d’éviter les pertes d’énergie mais aussi, par répercussion, de réaliser de belles économies.
Ce sujet est d’ailleurs devenu sensible ces derniers temps.
Avec le contexte économique et géopolitique et l’explosion des prix de l’énergie (gaz, électricité, essence, etc…), il y a eu un véritable électrochoc dans l’opinion publique en France. Beaucoup de personnes ont réalisé à ce moment-là l’importance de revoir notre façon de concevoir le logement et surtout d’optimiser la consommation. Et c’est une bonne chose. Maintenant que le sujet revient sur le devant de la scène, des mesures vont pouvoir être prises.
Quelles économies peut-on espérer réaliser avec une conception bioclimatique ?
Bonne question !! Parlons chiffres.
Il y a justement une étude qui a été publiée récemment sur le sujet par GRDF. Cette dernière repose sur des estimations réalisées sur un bâtiment situé en zone H1a (moitié nord-est de la France et descend jusqu’à Lyon) :
- Les puits climatiques (-19 %)
- Les stores extérieurs (-10 %)
- Les stores extérieurs automatiques (-10 %)
- La puissance d’éclairage (8W/m2 contre 14 W/m2) (-8 %)
- Vitrage contrôle solaire (-5 %)
- Toiture végétalisée (-2 %)
💡 Bon à savoir : La conception bioclimatique d’un habitat implique en général des frais plus élevés au début du projet. Les économies sont donc à prendre en compte sur le long terme (plusieurs années au minimum). Cela peut parfois être compensé par des aides et subventions de l’Etat.
Quels sont les 3 grands principes de la conception bioclimatique ?
Place à l’action.
L’architecture bioclimatique est un sujet large et complexe. Il repose sur des milliers de paramètres et de choses qui évoluent en permanence pour être améliorées (nouveaux matériaux, nouvelles études, etc…). Il y a cependant 3 points qui sont incontournables. Explications.
L’orientation
Un logement bioclimatique est en général implanté face au sud.
En effet, cela permet de capter non seulement de bénéficier d’une belle luminosité mais également des rayons du soleil en hiver. Cela permet ainsi de réchauffer l’intérieur du logement de manière naturelle. Dans la même logique, c’est donc face au Sud que l’on dispose en général le plus d’ouvertures (fenêtres, baies vitrées, etc…).
À l’inverse, on réduit le nombre et la taille des ouvertures sur le mur nord.
Étant donné qu’il y a moins d’exposition, l’objectif ici est d’essayer de perdre le moins de chaleur possible. On limite donc le nombre d’ouvertures. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, historiquement, les maisons bretonnes installées à proximité des falaises n’avaient pas ou peu d’ouvertures vers la côte. Dommage mais pour la vue, mais une façon d’optimiser le logement.
Cette vision a également des conséquences sur la conception du logement dans son ensemble. On installe au nord de la maison, les pièces froides (garage, buanderie, etc…) ou qui n’ont pas besoin d’être chauffées toute la journée (couloir, salle de bain, escalier, etc…). Au Sud, on installe les pièces de vie et celles où l’on prévoit de passer du temps (séjour, bureau, cuisine, etc…).
La sélection des matériaux
Au-delà de l’orientation, le choix des matériaux entre également en compte.
Sans rentrer dans le détail, il s’agit ici de sélectionner des matériaux durables, fabriqués localement, et avec une forte inertie thermique. Autrement dit ? Des matériaux qui ont la capacité de stocker la chaleur, la conserver et la restituer de manière diffuse.
L’idée est par exemple de stocker la chaleur du soleil accumulée pendant la journée afin de la restituer la nuit, période où les températures ont tendance à chuter. C’est également une façon saine d’atténuer les écarts de température. Un aspect clé pour le confort chez soi.
Les ouvertures (fenêtres, portes, etc…)
On a parlé plus haut de l’orientation des ouvertures.
Le format et la qualité des ouvertures est également essentiel. On fait référence ici au fameux double ou triple vitrage. Fini le temps où toute la chaleur s’échappait par le simple vitrage.
Le type d’ouverture est également essentiel. Dans certaines zones de l’habitat, il peut être stratégique d’avoir des fenêtres fixes. Cela permet de laisser entrer la chaleur, tout en limitant les pertes d’énergies (dûes à l'ouverture de celle-ci, etc…).
Vous avez maintenant les grandes lignes. Sachez que la conception bioclimatique va bien plus loin. Voilà d’ailleurs quelques autres axes de réflexion autour du sujet.
8 réflexions à avoir pour une rénovation bioclimatique
- La taille du logement : limiter les espaces inutilisés ou peu optimisés
- La végétation : toit ou murs végétalisés, arbres autour de la maison, barrière de bambous...
- L'isolation du bâtiment : par les combles, par l’intérieur ou l’extérieur, etc…
- La ventilation : garantir un air sain et et éviter les problèmes d'humidité sur le long terme
- La production d’énergie solaire : pour aller vers plus d’autonomie
- L’optimisation de l’éclairage naturel : ouvertures, orientations, couleurs, etc…
- Les matériaux (pierre, brique, liège, bois) selon ses propriétés
- Les peintures et couleurs (toit clair dans une zone très chaude, etc…)
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Quelle différence entre construction bioclimatique et maison passive ?
- La construction bioclimatique est un mouvement architectural qui consiste essentiellement à tirer parti des conditions d'un site et de son environnement.
- La maison passive est un logement pour lequel la consommation énergétique au mètre carré est très basse, inexistante, voir dans certains cas positive. Mentionnons que c’est le format idéal, plus économique, plus confortable.
Quels sont les avantages de la conception bioclimatique ?
Nous l’avons déjà rapidement évoqué mais voilà les principaux points à retenir.
Une maison où il fait bon vivre
L’habitat bioclimatique est avant tout pensé pour être confortable.
Cela passe par le confort thermique (donc une bonne température au quotidien) mais également par la qualité de l’air à l’intérieur du logement. En effet, l’approche bioclimatique implique de choisir des matériaux sains, aussi naturels que possible et avec le moins de produits chimiques.
La conséquence est aussi de limiter les risques en termes de santé (troubles respiratoires, risques cardiaques, etc…).
Une maison économique
Nous l’avons déjà évoqué.
L’idée est d’optimiser les sources d’énergie de façon à éviter les pertes et à maintenir une température agréable en toutes circonstances. On estime qu’en moyenne, une maison bioclimatique consomme globalement 5 fois moins d’énergie qu’un logement classique.
🖐 Qui dit consommer moins, dit avoir des factures moins élevées.
Une maison écologique
La maison bioclimatique est conçue en harmonie avec son environnement.
Les matériaux utilisés sont pour la plupart naturels. Ils peuvent alors être recyclés en cas de besoin. Ils n’ont également pas de conséquence sur les environs (produits chimiques qui se déversent, etc…). Dans certains cas, il est possible de prévoir la maison avec un système de récupération d’eaux de pluie.
Selon l’ADEME, nous consommons en moyenne 148 litres d'eau potable par jour et par personne. Sur ces 148 litres, seulement 1% concerne ce que l’on boit. Le reste, c’est pour les WC, le linge, la cuisine, l’arrosage du jardin, etc… L’eau de pluie peut donc être une excellente alternative.
Quels sont les inconvénients de la conception bioclimatique ?
Comme toute forme d’habitat, il y a aussi des limites à prendre en compte lorsqu'on parle de construction bioclimatique.
Une maison dont la conception bioclimatique est plus coûteuse que les autres constructions
La construction d’un habitat bioclimatique est globalement plus coûteuse.
Cet investissement est largement rentabilisé sur le long terme mais cela implique de pouvoir l'avoir dès la mise en place du projet. Pour cela, des aides et subventions existent, mais elles ne couvrent presque jamais la totalité de l’écart de prix.
La différence de coût vient également du savoir-faire. En effet, cela implique souvent de faire appel à des artisans spécialisés sur le sujet. La main-d'œuvre est alors plus rare et plus coûteuse. Il y a en revanche de fortes chances pour que cet aspect évolue et que l’on voit de plus en plus de spécialistes arriver sur le sujet, et donc que les prix puissent baisser à terme.
Une maison à la conception particulière
La maison bioclimatique est un habitat pensé sur mesure.
Il ne s’agit pas de recréer un simple modèle existant, dupliquer un plan déjà créé pour un autre emplacement. L’objectif est en effet de penser la maison de façon en prenant compte des critères du terrain (lieu, région, climat, orientation, etc…). Cela implique qu’il est difficile de prévoir un format standardisé qui pourrait être démultiplié à grande échelle.
De même, une autre conséquence est que ce type de projet est généralement plus long que pour un habitat classique.