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Avec plus de 25% des émissions de gaz à effet de serre en France, le bâtiment est un secteur qui doit faire sa transition. Rénover plutôt que construire en artificialisant les sols et réduire les déchets du BTP sont des solutions. Mais qu’en est-il de la construction durable ou éco-conception ? Peut-on continuer à construire du neuf tout en protégeant l’environnement ? A quoi ressemble une maison durable ? Avec quels matériaux et quelle énergie la construire ? La construction durable augmente-t-elle la qualité de vie des résident.e.s ? On a posé les fondations d’un sujet qui nous concerne toutes et tous !
Qu’est-ce que la construction durable ?
Définition de la construction durable
L’éco-construction (ou construction durable) regroupe toute construction ou travaux de rénovation qui réduit l'impact des bâtiments sur le climat et l'environnement. Et cela à chaque étape : de la recherche des matériaux en passant par la construction, jusqu’à son utilisation au quotidien. Une construction durable doit également assurer une qualité de vie supérieure par rapport à une construction classique. Rassurez-vous, on va détailler.
Si l’on prend la définition précédemment donnée, les avantages de la construction durable s’exercent sur deux plans :
- Environnemental
- Humain
Les bénéfices de l’éco-construction d’un point de vue environnemental
En choisissant l’éco-construction, les professionnel.le.s du bâtiment s'engagent principalement sur deux points :
- Donner la priorité à des matériaux de construction durables, recyclables et locaux. Le bois, le chanvre, la brique de terre crue, la ouate de cellulose, etc. En veillant à ce que tout le cycle de vie de ces matériaux ait un impact limité : de leur achat jusqu'à leur démolition.
- Assurer une performance énergétique optimale du bâtiment. En choisissant, d’une part, des énergies renouvelables pour chauffer la maison (géothermie, panneaux solaires, bois) ; en optimisant d’autre part l'inertie thermique des bâtiments et (en bonus) en invitant les futurs propriétaires ou locataires de la construction à adopter une gestion durable des ressources.
Les avantages du Green Building du point de vue des résidents ?
Les bienfaits de la construction ou rénovation durable sur l’environnement et le climat sont donc irréfutables. Mais les premier.ère.s concerné.e.s seront les résident.e.s. Que ce soit en entreprise, dans les locaux, ou chez vous, un bon habitat éco-construit revient à :
- obtenir un environnement plus sain, avec des matériaux moins nocifs pour la santé ;
- améliorer son confort de vie ;
- réduire ses coûts en énergie, car plus on est bien isolé du froid, moins on consomme.
Une mauvaise isolation et c’est un hiver rude qui vous attend au bureau. Surtout que pour être éco-responsable en entreprise, il faut éviter le chauffage 😬. Une baie vitrée plein sud et c’est un été invivable qui s’annonce. Comme sur quasiment tous les sujets liés au climat, ce qui est bon pour les citoyen.ne.s est bon pour la planète. Pratique non ?
Contexte
Jusqu’ici la Règlementation Thermique 2012 (RT2012) régnait sur le secteur du bâtiment. Chaque nouvelle construction devait, a minima, la respecter. Mais depuis le 1er janvier 2021, la profession a fait un bond en avant vertigineux avec l’arrivée de la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020). Elle est en effet très ambitieuse, tant les objectifs climatiques et environnementaux sont importants. Voici les quelques mesures fortes à retenir :
- Tout nouvel habitat individuel neuf devra consommer moins de 4 kilos équivalent CO2 par mètre carré par an. Cette consommation plus responsable est, selon Reporterre, 10 fois inférieure à la consommation moyenne des logements actuellement chauffés au gaz naturel. Le gaz naturel étant la seconde énergie la plus utilisée, après l’électricité, par 27% des résidences en France.
- Les bâtiments à énergie positive (maisons ou bureaux qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment) seront désormais la norme.
- Les acteurs du bâtiment doivent prendre en compte l’impact de la fabrication des matériaux et des équipements. Une bonne nouvelle pour les fabricants de maison en bois. Une mauvaise nouvelle pour les aficionados du béton.
- Le gouvernement souhaite, avec cette nouvelle norme, privilégier l’électricité bas carbone. Une énergie provenant principalement du nucléaire.
Ces mesures arrivent dans un contexte où le secteur du bâtiment est très critiqué pour son manque d’efforts en termes d’incidence environnementale. Il représente 70% de la production totale de déchets en France, 44% de l’énergie consommée, loin devant les transports et l’industrie, et émet plus de 123 millions de tonnes de CO2, soit un tiers des émissions globales du pays.
Les normes et les labels de l'éco-construction
Si vous souhaitez acheter du neuf, il est bon dans un premier temps de distinguer les labels des normes. Les normes proviennent des lois et ont par conséquent un caractère obligatoire. Toute construction neuve doit, par exemple, depuis le 1er janvier 2021, respecter la fameuse norme RE2020. Avec l’arrivée de cette réglementation environnementale, les labels ou certifications, qui ne sont pas obligatoires, ont pris un sacré coup de vieux !
Et pour cause : la norme RE2020 oblige désormais les constructeurs à respecter la quasi-totalité des labels existants. Ils sont donc pour la plupart caducs.
👋 Citons tout de même les certifications NF Habitat et NF HQE, qui s’intéressent au confort thermique, à la consommation d’énergie, aux nuisances sonores, à la ventilation et à la sécurité de votre maison. Encadrées par le code de la consommation, elles sont délivrées par des professionnels de la construction et de l’énergie, et par des consommateurs volontaires.
La construction durable en France en quelques chiffres
Les statistiques officielles les plus récentes indiquent que 0,3 % des logements en France étaient considérés comme Bâtiment Basse Consommation (BBC) en 2012. Autrement dit, des bâtiments pour lesquels la consommation énergétique nécessaire pour le chauffer ou le climatiser est moindre par rapport à des habitations standards. 2012, c’est loin, mais il est très compliqué d'avoir des chiffres précis sur l’état du parc. Et encore plus sur la construction durable.
Le bon exemple de ce manque de chiffres dans le secteur des projets d’habitats durables est à chercher du côté du nombre de passoires thermiques. La France en compte, en réalité, 4,8 millions, selon des chiffres publiés en septembre 2020 par le Service de la donnée et des études statistiques. C’est 3 millions de moins que les chiffres annoncés par le gouvernement en 2018. On parlait alors de 7 à 8 millions de passoires thermiques. Un écart dû à l’« échantillon relativement restreint (d’une) enquête » de 2013.
On a en revanche une meilleure idée du nombre de logements rénovés chaque année. En 2018, selon The Conversation, on recense 110 000 rénovations dans le logement social, 62 000 dans les logements privés précaires et 130 000 pour le parc privé restant, soit un total approximatif de 300 000 rénovations annuelles entre 2016-2018. Ce qui laisse la France loin de l’objectif fixé par le Plan National de Rénovation d’avril 2018 : 500 000 rénovations annuelles.
Comment lancer un projet de construction durable
Éco-construction d’un bâtiment neuf
Avant de faire appel à des professionnel.le.s du secteur des bâtiments durables, vous pouvez déjà réfléchir à deux points qui seront, au final, clés pour le projet. Des étapes qui valent aussi bien pour les particuliers que les professionels :
1. Le lieu
La norme RE2020 invite à « penser global » pour la construction. Construire un nouveau bâtiment à la campagne, par exemple, ne va pas forcément le rendre plus durable qu’un bâtiment en milieu urbain. En ville, les terres sont déjà artificialisées et l’offre de mobilités douces plus importante.
Le territoire sur lequel le bâtiment ou la maison sera construit est également un élément déterminant. Et c’est bien là le problème des maisons ou bureaux similaires qui poussent un peu partout en France. Le même parpaing et les mêmes terrasses plein sud à Lille et à Nice sont un non sens écologique. Mais aussi un inconfort certain pour les prochain.e.s résident.e.s. Ainsi, l’ensoleillement, la faune et la flore ou encore le vent sont autant de critères à prendre en compte lors de la construction et de l’aménagement.
2. Les matériaux
Il y a désormais assez de littérature sur Internet pour que vous puissiez, avant l’avis d’un.e professionnel.le, avoir une idée des matériaux qui seront les plus adaptés à votre bâtiment. La norme RE2020 oblige les constructeurs.trices à prendre en compte le cycle de vie de chaque produit utilisé. Pour le blog de l’Habitat Durable, à ce stade du projet, la question possède alors une triple entrée : « Est-ce que les matériaux que j’ai choisis me permettent d’assurer la santé des habitants, me garantissent le respect de l’environnement et me permettent des économies d’énergie ? » Certains apparaissent alors comme plus durables et ont des bénéfices évidents : le bois, le chanvre, la laine de mouton ou encore la cellulose.
👋 Nous aurions pu ajouter à cette liste l’efficacité énergétique du bâtiment, mais, vous le savez désormais, la RE2020 oblige chaque nouvelle construction à produire plus d’énergie qu’elle n’en consomme.
Rénovation éco-responsable d’un bâtiment existant
Nous l’avons vu, les chiffres de la rénovation en France ne sont pas à la hauteur des enjeux et pourtant elle est un excellent levier pour lutter contre le dérèglement climatique et la destruction de l’environnement.
Arrêtons-nous sur les bâtiments tertiaires (commerces, bureaux, santé, enseignement...). La loi de novembre 2018 portant sur l'Évolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique (ELAN), comme la RE2020, fixe des objectifs de réduction ambitieux de la consommation d’énergie finale de ces bâtiments : 40% d'ici 2030, 50% d'ici 2040 et 60% d'ici 2050.
Comment y arriver grâce aux projets de rénovation, lorsqu’on a la charge d’un bâtiment tertiaire d’une entreprise ? Voici les 2 premières étapes clefs selon l’ADEME :
1. Auditer son bâtiment
L’audit doit intégrer les aspects énergétiques, techniques et architecturaux. Il doit permettre d’identifier les faiblesses du bâtiment existant (enveloppe, caractéristiques dimensionnelles, etc.), mais également ses atouts naturels (éclairage naturel important, ventilation efficace, présence de végétaux, orientation, etc.). Le site diagademe.com saura vous guider (ne vous fiez pas à son aspect Windows 95).
2. Connaître l’importance donnée à la rénovation
Un simple changement de fenêtre n’aura pas la même incidence sur les salariés qu’une rénovation énergétique globale. Savoir, après l’audit, l’importance et donc la durée des travaux vous aidera à organiser la vie de bureau de votre entreprise. L’ADEME recense 3 niveaux de rénovation : partielle, globale en une étape ou globale en plusieurs étapes.
La fin du neuf ?
La construction durable est un sacré sujet vous l’aurez compris. Pourtant, à la question « peut-on continuer à construire du neuf tout en protégeant l’environnement ? », la tentation est grande de répondre d’un magnifique revers de main, digne de Richard Gasquet. Construire du neuf n’est-il pas devenu un luxe ? Avec l’étalement urbain, l’utilisation de ressources et de matériaux non renouvelables d'un côté et le développement et la multiplication de friches industrielles, de maisons et bureaux vacants de l'autre, la question se pose. Alors, ne sommes-nous pas ici face au même phénomène qui touche l’ensemble des industries : la nécessité de construire moins pour privilégier la rénovation de l’existant ? Reste à convaincre toute une industrie, durement touchée par la Covid-19 et qui regroupe plus de 1,7 millions d’emplois en France.