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Et si le modèle de Yuka pouvait s'appliquer à notre impact écologique ?
Emmanuel Watrinet, Julien Janson et Simon Létourneau, les co-fondateurs de la startup Carbo, tous les trois ingénieurs, se sont aperçus que pour lutter contre le changement climatique, la connaissance des données chiffrées ne suffit pas. Par contre, en utilisant ces données et en ayant recours à la gamification, il devient possible de jouer sur des biais psychologiques individuels incitant à passer à l’action.
La crise écologique que nous traversons est étroitement liée à un modèle capitaliste peu enclin à s'éteindre. De fait, c'est d'abord en tant que consommateur que nous pouvons agir au quotidien. Mais comment prendre conscience de l'impact réel de nos différents choix ? Pour mieux s'orienter et décider en toute conscience, il devient nécessaire de quantifier l’impact de ces choix.
Décarboner notre quotidien : une stratégie en deux étapes
Prenons l'exemple de l'application Yuka : c'est l'existence d'un cadre réglementaire précis, permettant de connaître la composition des produits de grande consommation et l'utilisation d'une base de données ouverte (Open Food Facts) qui lui a permis de démocratiser ces données et de permettre à ses utilisateurs de « faire les meilleurs choix pour (leur) santé. »
Et si nous pouvions faire pareil avec le CO2 ? L’affichage de l’impact environnemental sur les produits et services est justement en cours. À terme, il permettra de lire notamment l’impact exact de ces produits et services sur le climat, et donc le volume de CO2 équivalent émis.
Qui peut aujourd’hui comparer facilement l’impact carbone de sa salade par rapport à son gâteau ?
CO2 et calories, même combat ?
Si ces données semblent complexe à appréhender, ce n'est pas tant une question de culture scientifique que de transparence et de démocratisation de l'information. Revenons à l’alimentation : s'il nous semble désormais évident de dire lequel, du gâteau ou de la salade, contient le plus de calories, la question apparaît bien plus épineuse dès lors qu'il s'agit de quantifier les émissions de CO2 de tel ou tel produit. Honnêtement, qui peut aujourd’hui comparer facilement l’impact carbone de sa salade par rapport à son gâteau ?
Pourtant, ces données existent. Elles sont encore imparfaites, certes, mais il est possible de les trouver. Donc, la question n’est pas tant d'avoir accès ces données (l’Ademe et d’autres acteurs proposent déjà différentes bases de données en libre accès) que de permettre au plus grand nombre d’y accéder, de manière simple et ludique.
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Les données sont devenues le nouvel eldorado. Elles permettent aux GAFA d’être valorisés des milliards de dollars, et elles permettent même d’interférer dans des élections. Pourquoi ne pas utiliser cette force nouvelle au service de la lutte contre le changement climatique ? Aujourd’hui, nous pouvons connaître en temps réel le meilleur trajet à suivre en voiture pour éviter les embouteillages grâce à Waze. Demain, nous utiliserons la donnée pour réduire notre empreinte carbone.
Utiliser la donnée pour passer à l'action
Cependant, avoir ces précieuses données entre les mains n'incite pas nécessairement au passage à l'action. Les différents rapports du GIEC, et leurs conclusions à chaque fois un peu plus inquiétantes, en sont la preuve. Par ailleurs, les campagnes de sensibilisation qui insistent sur les effets à long terme du changement climatique ne suffisent pas à engager le changement radical dont nous aurions besoin, de la même manière que les campagnes anti-tabac n'ont pas su endiguer - entièrement - la consommation de cigarettes.
Demain, nous utiliserons la donnée pour réduire notre empreinte carbone
Il apparaît nécessaire de dépasser la seule communication des données chiffrées et de trouver de nouveaux moyens de les utiliser, pour mieux orienter nos biais psychologiques. « Nous nous trompons dans la manière d’essayer de changer nos comportements », explique la docteure en sciences cognitives Tali Sharot. Tous les articles sur le changement climatique sont angoissants. Ils génèrent parfois une prise de conscience qui, la plupart du temps, ne se traduit pas en action. Et, comme le dit Tali Sharot : « Fear induces inaction » (« La peur entraîne l'inaction », ndlr).
Tali Sharot met en avant trois leviers positifs pour passer à l’action . Il s'agit des motivations sociales par le biais de la comparaison, les récompenses à court terme, et le suivi du progrès.
Aujourd’hui, ces leviers peuvent être envisagés dans la lutte pour le climat en s’appuyant sur la donnée. Les applications de sport appliquent exactement cette stratégie, puisqu'elles proposent de gagner des récompenses ou de comparer la performance et de manière simple et ludique.
Décarboner notre société : comment faire sa part ?
Car, en donnant le sentiment à chacun de mieux suivre son impact, et en motivant de manière positive, nous pouvons engager l’action à court terme. Plutôt que de nous épuiser à composer avec une éco-anxiété paralysante, devenons éco-optimistes. Concentrons-nous sur les solutions qui existent, et sur les résultats de nos petites actions du quotidien.
Cette prise de conscience amène à une volonté de responsabilisation, pour nous comme pour les générations futures. Dès lors, comment alors assumer la responsabilité de nos choix ?
Pour commencer à décarboner, faisons notre part. Réduisons notre empreinte et soutenons des projets efficaces qui contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Car ce sont là des premiers pas importants.
Au risque de paraître dérisoires à première vue, ces actions montreront l'exemple, en intégrant notre impact environnemental dans notre quotidien. Et c’est de cette manière que nous pourrons, petit à petit, amener l'État et les entreprises au changement.
Ainsi, ce passage à l’action, fondé sur l'alliance des données et de la psychologie, nous a donné envie de créer Carbo, afin que chacun prenne conscience de son impact environnemental, puis mettre en place les actions pour le réduire et le compenser.
Souvenons nous : il n'y a pas si longtemps, être végétarien signifiait être marginal. Désormais, ce mode de vie est plus accepté que jamais. De la même manière, c'est en mettant en place des moyens d'action quotidiens (comme adopter un mode de consommation responsable) que nous induirons un changement de paradigme.
Ensemble, prenons des décisions quotidiennes qui intègrent pleinement l’enjeu écologique. Ensemble, définissons une nouvelle norme, à un niveau individuel puis collectif.
Emmanuel Watrinet, Julien Janson, Simon Létourneau
Les 3 fondateurs de Carbo se sont croisés sur les bancs de Centrale Nantes il y a plus de 10 ans. Emmanuel Watrinet a travaillé sur les marchés de l’énergie en France et à l’international avant de devenir serial entrepreneur, Julien Janson a passé plus de 10 ans à diriger la conception de produits web dans l’univers des start-up et Simon Létourneau, un ancien d'Usbek & Rica, a piloté et accompagné la stratégie de croissance d’une dizaine de start-up. Passionnés par les enjeux environnementaux et persuadés que chacun doit faire sa part, ils ont fondés Carbo en 2019 pour permettre au plus grand nombre d’agir contre le changement climatique.