Botanique des imaginaires : le monde végétal expose ses multiples facettes

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màj en octobre 2025

À la fois science et sujet d’attention, d’imagination et d’inventions formelles, la botanique est une source d’inspiration illimitée pour les artistes. À l’abbaye Saint-Germain d’Auxerre jusqu’au 3 novembre, l’exposition Botanique des imaginaires rassemble des œuvres traversant les époques et les techniques et explore ce sujet fertile « à l’heure des grands bouleversements écologiques ».

Dans différents espaces de l’abbaye Saint-Germain d’Auxerre, des œuvres issues de la collection du Centre Pompidou dialoguent avec d’autres, prêts des collections de la ville d’Auxerre, de la collection Eckmülh à celle du Muséum d’Histoire naturelle. Les œuvres présentées ici sont autant réalisées à partir de techniques traditionnelles – peintures, sculptures, photographies – que le fruit de nouvelles technologies – du numérique jusqu’au NFT. La vidéo et le design ont également toute leur place dans cette exposition. Le curateur Jonathan Pouthier précise : « J’ai pensé la question de la botanique d’un point de vue méthodologique en mettant en évidence la richesse de nos collections ».

Imaginaires dans un jardin réel, 1963-2011, Roland Sabatier

La perception des fleurs

Dans le logis de l’abbé, comme une première approche du floral, la section À fleur de peau réunit des œuvres donnant à voir la fleur en pot, et celle éphémère, nature morte, en bouquet. Dans une vidéo de l'artiste Jean-Pierre Bertrand, il est question d’un geste répété, tandis que Flowers d’Isabelle Cornaro présente un mouvement d’images saccadées. Bouquet de fleurs, la peinture de Charles Philipard, artiste natif d’Auxerre, constitue un écho historique où nature morte et tradition de la peinture de paysage cohabitent.

Flowers, 2022, Isabelle Cornaro
Flowers, 2022, Isabelle Cornaro

Les fleurs sont aussi sujets de métamorphose et de reproduction. Le portfolio Flowers de Vik Muniz, où des photographies de fleurs artificielles entrent en discussion avec des énoncés de la romancière américaine Lynne Tillman, suggèrent les multiples idées et identités qui sont conférées aux fleurs. Les images de Dora Maar, présentées en négatif, ont une apparence quelque peu étrange, voir inquiétante, un état de la fragilité du végétal. Une vidéo de la danse serpentine de Loïe Fuller, danseuse et chorégraphe qui s’est fait connaître aux Folies Bergère à la fin du 19e siècle, transporte les spectateurs dans un numéro où ses mouvements expriment ceux d’une fleur.

Un théâtre botanique 

Le curateur a également pris le parti d’associer des œuvres de différentes périodes historiques et de divers registres dans une scénographie à l’image d’un théâtre, où chacune apparaît tel un individu acteur avec son histoire à raconter. En les écoutant, différents enjeux et usages se révèlent : la diffusion des plantes, leur industrie, la productibilité des formes. Le design croise les études macro et le film documentaire, nous donnant à voir les différentes facettes du végétal, interprétées par les artistes. Il est notamment question de domestication, d’appropriation du vivant, de la plante dans notre quotidien ; des enjeux qui traversent les époques.

Herbiers cinématographiques, Bouquets 1 à 10, 1994-1995, Rose Lowder
Herbiers cinématographiques, Bouquets 1 à 10, 1994-1995, Rose Lowder

Les Herbiers cinématographiques de Rose Lowder, disposés dans le cellier invitent à se promener et à contempler des films où les fleurs et les vues urbaines s’entrecroisent. Les images tissées ensemble montrent une végétation commune et spontanée, qui résiste et nous invitent à les redécouvrir dans leur contexte.

Des œuvres en dialogue avec l’architecture du lieu 

Dans le cloître, les sculptures d’Hugues Reip, où le vivant et l’inerte se rencontrent, reposant sur des pierres de taille du toit du cloître, s’apparentent à des chimères mi-végétal mi-animal. Celles-ci invitent à les observer de près pour percevoir les détails de matériaux. L’artiste s’attache en effet à l’infiniment petit et à l’invisible. Il crée des associations qui tendent vers l’émerveillement. 

La totalité des citrons, 1967 et The planted garden, 2004, Jean-Pierre Bertrand

Dans la salle capitulaire, deux œuvres de Jean-Pierre Bertrand invitent à une expérience méditative. Sur un miroir à huit côtés, des citrons interrogent à la fois le cycle de transformation, les mathématiques, et l’impermanence du temps, tandis que pour The planted garden, huit citronniers se reflètent au centre et rappellent la finitude des arbres fruitiers, mais également notre propre finitude. Ces œuvres nous amènent à établir des liens avec la présence du végétal dans l’architecture.

Du végétal dans le quotidien des artistes à des questions de société

Parmi les vestiges gallo-romains, des œuvres nous amènent à regarder avec attention la flore spontanée, des espèces parfois reléguées au rang de « mauvaises herbes ». Les sculptures en métal de Julio González jouent sur le décloisonnement entre art et artisanat. Ella Littwitz s’intéresse aux liens entre plante et politique. 26 moulages en bronze d’un végétal indigène expriment la résilience et l’occupation. Dans les images du sculpteur Constantin Brancusi, le végétal apparaît dans son atelier, parmi ses sculptures : un moment de contemplation des présences végétales qui habitent son espace de travail. 

Hora, 2022, Ella Littwitz
Imaginaires dans un jardin réel, 1963-2011, Roland Sabatier

Le parcours se poursuit dans le jardin de l’abbaye où l’œuvre de Roland Sabatier, composée de panneaux sur lesquels sont inscrits des phrases, des propositions, invite les promeneurs à se projeter dans des situations, à imaginer des postures et à se poser des questions…

Ainsi, le végétal est ici montré sous une diversité d’entrées et de paradigmes qui ouvrent des pistes d’investigations. La plante est considérée sous différents angles et fait l’objet de questions sociétales. Prendre le parti pris de la botanique incite à explorer le caché, l’inexploré, l’impermanent. Les artistes prennent des pas de côté, explorent une pluralité de formes artistiques et nous invitent à nous interroger…

Exposition Botanique des imaginaires, du 15 juin au 3 novembre 2024 à l'Abbaye Saint-Germain d'Auxerre

Pauline Lisowski
Pauline Lisowski est critique d'art et commissaire d'exposition, intéréssée par les relations entre art, nature, paysage et écologie.
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