Du chant de résistance à l'ASMR en passant par la chorale, les artistes et activistes engagés dans la campagne pour battre l'extrême droite aux prochaines élections législatives ont mis leur lutte en musique. On aime, on chante, on danse, et on vous le partage.
Alors que le monde de la musique électronique fait Front contre un RN « raciste, sexiste, classiste, validiste, LGBTQIA+phobe et climatosceptique », et que le monde musical s'engage (assez ou trop timidement, selon les analyses des uns ou des autres), voici trois initiatives montrant que les artistes et activistes sont capables de se mettre au diapason, et de mettre leurs cordes vocales au service de la lutte.
L'hymne du Front Populaire
« Nous sommes le Frooooont Populaaaaaaire, nous sommes le Frooooont Populaaaaaaire ». Habitué des manifestations, le collectif Planète Boum Boum (qu'on avait interviewé ici) a sorti son techno-cortège dans les rues de Paris à l'occasion de la manifestation du dimanche 23 juin. Renommé Planète Blum Blum – clin d'œil à Léon Blum – pour la durée de la campagne pour les législatives, les membres du collectif ont fait chanter les manifestants, une main cramponnée à leur micro, l'autre le poing en l'air. Au micro, un militant contextualise : « [Le Front Populaire] a été créé grâce à notre pression et il perdurera grâce à notre pression ; il ne faut pas oublier que la force, c'est nous les amis, et que quelque soit le résultat des élections, on se battra et on n'oubliera pas l'union qu'on a fait aujourd'hui. On l'oubliera pas ! ». Dans une vidéo partagée sur Instagram par Gabriel, militant d'Action Justice Climat, on voit ainsi Mathilde Caillard, alias MC danse pour le climat et deux autres membres du collectif entraîner la foule des manifestants dans le chant et la danse.
Entre deux remix techno de « La jeunesse emmerde le Front National » hérité du groupe de punk parisien Bérurier Noir, et une reprise électro d’un air traditionnel russe « composé pendant la seconde guerre mondiale et repris comme hymne de résistance par les militants antifascistes italiens sous Mussolini (Fischia il vento) » – selon les explications du collectif – il a entonné ce qui pourrait rapidement devenir l'hymne du Front Populaire : une mélodie fédératrice, des paroles simples, le tout sur fond électro.
Quelques jours plus tôt, le collectif avait également appelé les participants à la fête de la musique de faire bon usage de leurs micros, et avait fourni un kit de résistance culturelle comprenant slogans, affiches, playlist, textes et argumentaires sur le droit à la culture, composé avec Le Bruit Qui Court, On Est Prêts, Make Sense, Corps & Graphies et le mouvement.
La chanson des gauchos sur France Inter
« Aujourd'hui, on a plus le droit, de dire : "Moi j'men fous je vote pas !" ; dépasser le chacun pour soi, contre le RN donnons de la voix ! ». Sur la scène filmée de France Inter, dimanche 23 juin, dix personnalités de la chaîne, dont les humoristes Mahaut Drama, Charline Vanhoenacker, Waly Dia, et la chroniqueuse Juliette Arnaud ont chanté de concert une version adaptée à l'actualité de La Chanson des Restos.
Une chanson pour faire d'une pierre deux coups : appeler au vote contre l'extrême droite, mais aussi marquer la fin de l'émission après 10 ans d'antenne. « Que dire au bout d'une décennie ? Que voulons-nous laisser », demande Charline, avant de répondre : « Eh bien le même message qui nous anime depuis les débuts ». Se joignant à Frédéric Fromet et son habituelle chanson de fin d'émission, toute l'équipe a ainsi entonné les paroles suivantes : « Aujourd'hui on a encore des droits, pour combien de temps on sait pas ; car demain, si c'est Bardella, c'est fini pour moi c'est fini pour toi. (...) Ils osent dire que la France revient, en oubliant de dire qu'c'est la France de Pétain ».
Dénonçant tour à tour les ravages du RN et de Bolloré, les chanteurs appellent ainsi à « glisser un bulletin dans l'urne contre la vague brune ». Au passage, ils taclent aussi de la direction du groupe qui autorise que le RN « cause parfois » dans la matinale de la radio, et rendent un hommage appuyé à Guillaume Meurice, remercié par la chaîne quelques jours plus tôt.
La plus grande discothèque de France
« Disco-lution contre Dissolution ». C'est avec ce slogan qui fleure bon l'été et les déhanchés que Mathilde Leroy et Laurène Descamps, deux citoyennes activistes, ont décidé de faire bouger les électeurs et électrices vers le chemin des urnes. « Faisons groover les urnes de France » lit-on ainsi sur le site de l'opération, qui invite chacun et chacune à considérer les élections des 30 juin et 7 juillet comme une immense boum républicaine, et à y convier dix « +1 », parce que cette fête « plus on est de participant·es, plus elle s’agrandit ».
Lancée mi-juin, ce « plus grand disco de France » comptabilise déjà plus de 3 500 « fêtard·es des urnes » rassemblé·es autour d'un mot d'ordre : « Bougez, Votez, Dansez », et plusieurs soutiens de personnalités, dont l'humoriste Swann Périssé, le réalisateur Cyril Dion, la techno-activiste Mathilde Caillard (dont on parlait déjà ci-dessus), la créatrice de fictions Camille Chaudron (alias Girl Go Green), le vulgarisateur Charles (alias Vivre Moins Con) et la vulgarisatrice Valérie Paumier.
BONUS : L'ASMR Rassemblement National
Les oreilles en carafe, vous cherchez des sons paisibles, mais engagés ? Ça tombe bien, ASMR politics a sorti une série de vidéos 100% ASMR, 100% élections. Après une petite compilation « ASMR bureau de vote » à l'occasion de l'inscription sur les listes électorale, c'est désormais une compilation « ASMR Rassemblement national » qui vient d'être mise en ligne pour alerter sur les conséquences d'un vote RN.
Réalisée en collaboration avec une quinzaine de personnalités dont Camille Étienne, Cyril Dion, Antoine Goretti, Louanne, Pénélope Bagieu, Tahnee, Mateo Bales, Victoria Defraigne ou encore Mahaut Drama, la vidéo énumère les engagements pris par le RN en y intercalant des bruits de craie sur un tableau, fourchette dans le fond d'une assiette, feutre sur du carton, ou encore bruits de bouche ou de nez. Savoureux !