Calculer ses émissions évitées : principe, méthodes et enjeux

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màj en novembre 2023
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émissions évitées

De plus en plus d’entreprises en parlent et incluent dans leur reporting leurs émissions évitées. De quoi parle-t-on et comment les calculer ? Carbo débroussaille pour vous ce sujet pas si évident, et vous donne les clés pour vous lancer ! C’est parti. 

Qu’est ce que les émissions évitées ?

Définition 

Calculer les émissions évitées liées aux activités de son entreprise revient à réduire les émissions qui se situent en dehors de son périmètre d’activité. Cela peut s’effectuer en : 

  • utilisant des solutions ou des produits bas-carbone ; 
  • en finançant des projets de réduction ou de séquestration des émissions ou de réduction qui se situent en dehors de la chaîne de valeur par d’autres entreprises (ex : crédits carbone ou obligations vertes). On évalue ainsi la quantité d’émissions évitées, le montant lié à la finance et le montant de CO2 évité ; 
  • en investissant dans des entreprises tierces qui vont faire le calcul et reporter les émissions évitées au prorata de la détention en capital. On parle de “dividendes climat” de réduction et d’évitement. 

“Les "émissions évitées" par une organisation concernent les réductions d'émissions réalisées par ses activités, produits et/ou services, lorsque ces réductions se réalisent en dehors de son périmètre d'activité. Elles sont évaluées au regard d'un scénario de référence.”

ADEME
Source : Entreprises pour l'environnement

💡 Parce qu’il existe plusieurs définitions qui peuvent être complémentaires ou contradictoires, il est important pour l’entreprise, lorsqu’elle communique, de définir ce qu’elle entend précisément par “émissions évitées”. 

Quelles différences avec le bilan carbone et les autres scopes 1, 2, 3 ?

Il existe différentes manières de comptabiliser ses émissions de GES notamment à travers le calcul de son empreinte carbone. Cette dernière concerne les émissions directes et indirectes liées à son périmètre d’activité. Les émissions évitées vont donc au-delà de l’empreinte carbone et on considère ainsi qu'elles concernent le scope 4

Les émissions évitées sont celles qui contribuent à réduire l’empreinte carbone du client, ou de l’utilisateur, qui achète et utilise le produit/service de l’entreprise. Il ne s’agit donc pas de prendre en compte les émissions directes et indirectes du scope 1, 2 ou 3 qui concernent les émissions réelles en lien avec l’activité de l’entreprise. Ces émissions dites virtuelles sont comparées selon un scénario de référence. 

Périmètres d'émissions

💡Attention toutefois, la réglementation ayant évoluée pour la nouvelle année 2023, 6 catégories remplacent les 3 scopes d’hier : 

  1. Les émissions directes (équivalent scope 1)
  2. Les émissions indirectes associées à l’énergie (équivalent scope 2)
  3. Les émissions indirectes associées au transport (équivalent scope 3)
  4. Les émissions indirectes associées aux produits achetés (équivalent scope 3)
  5. Les émissions indirectes associées aux produits vendus (équivalent scope 3)
  6. Les autres émissions indirectes (équivalent scope 3)

Le pilier B de NZI

Le référentiel de Net Zero Initiative (NZI) considère que les émissions évitées font partie des trois piliers de la comptabilité carbone parmi lesquels : 

  • le pilier A : “je réduis mes émissions de GES” donc les émissions calculées grâce à la réalisation du bilan carbone. 
  • le pilier B : “je réduis les émissions des autres”
  • le pilier C : “j’augmente les puits de carbone” 
émissions évitées
Source : NZI

Le projet NZI, initié en juin 2018 a été porté par Carbone 4. Il a notamment permis la publication d’un référentiel de contribution des organisations à la neutralité carbone ou “net zéro”. Ainsi, différents principes clés ont été définis notamment : 

  • Le terme neutralité carbone renvoie uniquement à l’objectif mondial d’équilibrage entre émissions et absorptions. Ce terme ne s’applique pas à une organisation ; 
  • les organisations contribuent donc à cette trajectoire ; 
  • les stratégies de réductions d’émissions sont distinctes des absorptions (émissions négatives)

📚 Net Zéro Initiative a publié en juin 2022 un Guide Pilier B pour accompagner les entreprises dans leur démarche. Ce guide est composé d’un cadre méthodologique général de calcul et de reporting et une boîte à outil comprenant des méthodologies pour les secteurs de la mobilité du bâtiment et de l’énergie. 

Pourquoi calculer ses émissions évitées ? 

Pour participer activement à la transition bas-carbone 💪

Prendre en compte ce scope 4 c’est aussi prendre conscience que les activités de son entreprise se situent dans une chaîne de valeur. C'est aussi comprendre que la stratégie climat de l’entreprise n’est pas uniquement liée aux scopes 1, 2 ou 3.

L’entreprise montre ainsi qu’elle a conscience de son impact et de son rôle en ce qui concerne l’aval de sa chaîne de valeur. Elle participe également à la transition énergétique en déployant divers moyens en dehors de ses produits et services.  

Au même titre que calculer son empreinte carbone, le résultat obtenu permet à l’entreprise de mesurer en partie sa contribution à la neutralité carbone (Net Zéro).

🔎 Backmarket, par exemple, contribue activement à la transition énergétique et à la décarbonation de son écosystème. En proposant du reconditionné, l’entreprise participe à limiter l’impact environnemental de l’industrie tech. Ainsi, l’impact du reconditionné est en moyenne 3 fois inférieur à celui de la production d’un appareil neuf. Cela a permis d’éviter en 2019 l’émission de 47.088 tonnes de CO2e ainsi que l'extraction 352.586 tonnes de matières premières (selon l’entreprise). 

Pour valoriser sa stratégie climat 🎯

En mettant en avant sa stratégie climat qui s’étend au-delà de ses activités, l’entreprise gagne en attractivité vis-à-vis de ses clients, de ses parties prenantes et de ses investisseurs. Elle montre l’exemple mais aussi encourage son écosystème à faire de même. 


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Attention toutefois lors de la communication à ne pas tomber dans le greenwashing ! 

“Les émissions évitées sont de plus en plus utilisées comme une base de comparaison entre les organisations et sont considérées par les entreprises comme un avantage compétitif dans leurs offres.”

ADEME

Pour aller au-delà du bilan carbone 😎

Si les émissions évitées ne se substituent pas au calcul de l’empreinte carbone, leur calcul peut permettre d’aller plus loin dans la démarche de réduction des émissions. En s’appuyant sur ce scope 4, les entreprises peuvent ainsi mettre en avant leurs efforts. Mais également leur solution dans un contexte de réduction de ses GES.

émissions évitées

Comment calculer ses émissions évitées en 3 étapes 

A ce jour, il n’existe aucune méthodologie ou norme internationale partagée et commune pour calculer ses émissions évitées. De nombreux outils existent cependant tels que le label bas carbone qui concerne les projets de séquestration carbone par exemple.

Il est donc difficile de comparer les émissions entre les organisations tant les méthodologies peuvent varier. 

Etape 1 : Calculer le cycle de vie de la solution de référence

Pour la première étape, il s’agit d’identifier la solution de référence. C’est-à-dire sans la solution qui permet d’éviter les émissions de gaz à effet de serre d’une activité.

Le scénario de référence correspond à la situation où le produit ou service n’existe pas. Donc en l’absence de solutions bas-carbone. Toutes les conditions qui vont influencer le résultat des émissions évitées sont donc prises en compte. Ce scénario fictif peut revêtir deux casquettes (selon le NZI) : 

  • il peut être la situation précédente soit les émissions de GES avant que le produit ou service décarbonant ne soit introduit ; 
  • la moyenne des émissions de GES des situations alternatives en l’absence du produit ou service décarbonant. 

La solution de référence va influencer fortement le résultat final.

Le recours à une analyse de cycle de vie (ACV) est vivement recommandé pour prendre en compte les émissions générées depuis la fabrication jusqu’à la fin de vie.  

L'exemple d'un smartphone

Pour un achat, les émissions évitées peuvent être illustrées par l'exemple d'achats de matériels numériques. Lorsqu'on achète un smartphone neuf, ce dernier va émettre plus d'émissions de GES qu'un smartphone reconditionné. En effet, un appareil reconditionné aura un cycle de vie moins important en émissions de GES puisque la partie production ne fait plus partie de son cycle de vie. Voilà pourquoi il est important de donner une seconde chance aux appareils numériques !

Etape 2 : Calculer le cycle de vie de la solution bas-carbone

Une fois l’analyse et le calcul effectué pour la solution de référence, il faut soustraire les émissions évitées grâce à l’utilisation de la  solution évaluée (voir schéma au-dessus). Les solutions évaluées renvoient à un produit, un service, un projet ou un investissement choisi par l’entreprise qui vont permettre d’éviter des émissions. 

L’ADEME préconise d’évaluer ses émissions “au regard d’un scénario de référence, traduisant le scénario le plus probable si la solution/service/projet bas carbone n’avait pas eu lieu”.

Etape 3 : Faire la différence entre les émissions de la solution de référence et la solution moins carbonée

Pour effectuer le calcul, il faut faire la différence des émissions de GES émises sur l’ensemble du cycle de vie entre :

  • la solution évaluée selon les conditions du scénario d’évaluation 
  • la solution de référence dans les conditions de référence. 

Puisqu’il n’existe pas de méthodologie unique pour les entreprises, certaines choisissent de produire leur propre méthodologie. 

Comparer son impact carbone avec des scénarios de références grâce à Carbo 

Pour vous aider dans votre démarche de transition, Carbo a développé un outil de trajectoire bas-carbone et plan de réduction personnalisé qui vous permet de projeter votre impact selon différents scénarios et ainsi avoir une vision des émissions de CO2e que vous pouvez éviter. 

En fonction de vos hypothèses de croissance (en chiffre d'affaires, et en nombre d'employés), l'algorithme projette vos émissions futures si vous ne prenez aucune mesure de réduction (= business as usual). Si vous appliquez l’ensemble ou une partie de votre plan de réduction préconisé par Carbo, une deuxième courbe se dessine et vous permet de suivre l’impact de ses actions sur vos émissions de CO2e futures.
Le plan de réduction est 100% personnalisé et lié aux chiffres réels de l’impact carbone de votre entreprise. 

Enfin un plan de réduction 100% mesurable et adapté à VOTRE entreprise !

⚠️ Attention toutefois, il est nécessaire de distinguer les émissions évitées de celles calculées dans le Bilan de gaz à effet de serre (BEGES). Il est nécessaire de calculer son bilan carbone au préalable pour déterminer son scénario de référence! 

Les recommandations dans le calcul des émissions évitées 

Nous vous partageons quelques conseils pour vous lancer dans cette démarche. 

Identifier ses objectifs au préalable 

  • En amont du calcul, il est nécessaire de travailler avec toutes les équipes de l'entreprise pour que chacun ait un bagage de compréhension identique. Ainsi, en définissant au préalable ses objectifs, le scénario de référence apparaît plus clairement. 
  • En se posant différentes questions, la démarche peut être plus pointue. Le guide d’Actu Environnement propose une série de questions préliminaires : “S’agit-il d’étoffer la stratégie sur le changement climatique ? De valoriser l’offre de solutions bas-carbone ? De répondre aux interrogations des investisseurs sur la prise en compte du risque climatique ? Ou encore de communiquer avec les acteurs économiques et territoriaux ?”
  • Les objectifs doivent être réalisables, cohérents avec la stratégie de l’entreprise et doivent être liés aux enjeux des différents acteurs. 

Prioriser la réduction des émissions directes et indirectes avant de se lancer dans les émissions évitées

Réduire ses émissions directes et indirectes doit rester la première étape à effectuer et promouvoir les émissions évitées doit rester un must sans être substituable à cette première étape. 
Si le reporting des émissions est davantage encadré, celles pour les évitements de GES reste encore en construction. L’absence d’un cadre partagé, reconnu et homogène peut complexifier le calcul et la comparaison entre les entreprises des émissions évitées grâce aux services et aux produits. 

Bien choisir son scénario et sa solution de référence

Nous l’avons évoqué plus haut, le choix de la solution de référence conditionne fortement le résultat du calcul. Ainsi, il dépend de la réalisation de l’ACV. Travailler en cohésion avec les autres entreprises est également nécessaire dans le cadre de solutions de référence communes. Se concerter avec ses parties prenantes permet de renforcer la cohésion et la robustesse de la méthodologie choisie. 

💡 Plusieurs acteurs peuvent se déclarer responsable des émissions évitées mais il est recommandé d’évoquer une “contribution aux émissions évitées” et non s’attribuer une responsabilité unique. 

La solution de référence doit également correspondre au même besoin que la solution évaluée et doit rester cohérente dans la comparaison. 

actions pour émissions évitées

Communiquer en toute transparence

Il est de plus en plus courant de communiquer sur ses engagements et sur l’impact environnemental de son produit ou service. L’entreprise doit fournir les informations les plus transparentes possibles notamment en ce qui concerne la méthode de calcul et la réalisation du scénario de référence. Cela permet ainsi une communication compréhensible pour tout acteur. 

La fiche technique de l’ADEME conseille de ne pas “mettre sur le même plan l’évaluation des émissions évitées et celle des émissions de l’organisation sur son propre périmètre.” et cela concerne également la communication. En effet, la norme ISO 14064-1 conseille de communiquer sur les émissions évitées en parallèle des émissions directes et indirectes de l’organisation et distinct également du BEGES. 

Effectuer une distinction entre les efforts liés aux émissions dites réelles et celles liées à l’évitement permet de donner plus de poids à votre stratégie sans que le client s’y perde dans des efforts de compréhension.

“Les émissions évitées témoignent de la contribution de l’entreprise à l’effort de réduction des émissions (et de la concentration de carbone atmosphérique) à l’échelle de la planète, tandis que son bilan d’émissions de gaz à effet serre témoigne de l’impact propre de son activité.

L'ADEME

💡 Les exigences de communication sont formulées dans les normes ISO 14025 et 14067 sur l’Empreinte Carbone des Produits, et la norme ISO 14064-1 qui concerne la comptabilité carbone des organisations. 

Trois points fondamentaux à communiquer : 

  • le scénario d’évaluation et de référence doivent être définis et expliqués ; 
  • la solution évaluée et la solution de référence doivent l’être également en expliquant comment la première permet l’évitement et en situant où la seconde se situe sur la chaîne de valeur ; 
  • Expliquer la méthode de calcul choisie et la justifier (elle peut comprendre les hypothèses de calcul, l’unité choisie, ainsi que les résultats obtenus et la période couverte et le périmètre géographique). 
Anaïs Fleury
Il y a deux ans stagiaire chez Carbo en tant que Content Manager, Anaïs continue de contribuer au blog et au média comme freelance SEO et journaliste !
Carbo vous accompagne pour réduire vos émissions carbone.
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