La Pachamama, une cosmovision inspirante

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màj en mars 2024

Alors que la crise écologique nous pousse à réinventer notre place sur Terre, la culture du Pachamama – La Terre-Mère – apparaît comme une source d’inspiration pertinente. Tour d’horizon de ce concept désormais ancré dans les constitutions équatorienne et bolivienne. 

Qu’est-ce que la Pacha Mama ?

Derrière le concept de Pacha Mama se cache bien plus que la simple signification de Pacha (la terre) et Mama (la mère, la figure d’autorité). La Pacha est un “tout” englobant l’ensemble de ce qui est sur Terre : tous les éléments y ont la vie, et sont interdépendants. 

La relation entre l’humain et son environnement n’a pas toujours été caractérisée par un rapport de force ou d’exploitation. Avant l’uniformisation de notre monde – tant en termes de pratiques que de modes de réflexion – certains peuples concevaient la nature autrement. Et c’est encore le cas dans certaines cultures : des communautés andines (sur la cordillère des Andes, ndlr) ont un lien spécial avec la nature. Cette dernière n’est pas la propriété de l’humain mais une entité vivante, qui doit être considérée, protégée et même célébrée. L’humain n’a pas la place centrale que lui prêtent les Occidentaux. Au contraire, il est un être qui fait partie d’un tout bien plus grand que lui ; un tout dont il tire des bénéfices et pour lequel il est redevable. L’humain dépend de ce qui l’entoure, de ce “tout”, ou autrement dit de la “Pacha” : la terre, les arbres, les plantes, les animaux, toutes les richesses naturelles, mais également le temps et l’espace, qui font figure d’autorité. Ce “tout” forme une entité conçue par les peuples Quechuas, Kichwas et Aymaras, comme vivante et en constante interaction avec le monde humain.   

Comment se traduit ce concept dans les cultures andines ?

La Pachamama n’est pas seulement une vision particulière du monde : c’est également une culture et un style de vie que des communautés boliviennes et équatoriennes partagent. Derrière la Pachamama, l’idée de sacré est très présente : “[elle] est la déesse de notre Terre” précise Rocio Morales de la culture Kichwa Otavalo (Equateur). “Pourquoi ? Parce que la vie est conçue à partir de la terre ; non seulement la vie charnelle, mais aussi la vie des plantes. Elle ne fait pas que nous protéger, elle nous nourrit aussi, nous, tous les êtres humains. Nous, les Kichwas, les natifs d'ici, prenons grand soin de notre terre et la vénérons, surtout pendant les mois de Junon où nous célébrons l'Inti Raymi qui est un festival où nous célébrons non seulement la Pachamama, mais aussi la déesse du soleil car nous acquérons la récolte de tout ce qu'elle a semé”. 

Au moment de ces fêtes, ces communautés boliviennes, équatoriennes, chiliennes, péruviennes ou encore colombiennes demandent la permission à la Pachamama de semer, et font même des rituels en ce sens. Cette cosmovision andine impose le respect de la nature envers qui nous devons beaucoup, nous êtres humains. Les autochtones appellent donc au respect de l’environnement, de la biodiversité, de l’eau, de l’air et de la terre. “La terre est de leur point de vue comme notre mère, celle qui nous fait vivre, celle qui nous nourrit”, affirme Alexandra Anangono, entrepreneuse équatorienne. “Elle peut être symbolisée par des animaux, des figurines anthropomorphes, qui font partie des rituels de célébration le jour de la Pachamama”. 

La nature entre dans la constitution

L’importance de la Pachamama pour ces peuples andins s’est même traduite par son inscription dans les constitutions équatorienne (par Rafael Correa en 2007) et bolivienne (par Evo Morales en 2006). La Pachamama devient un sujet de droit. Cette constitutionnalisation du concept a non seulement permis de cerner et de regrouper les diverses visions du monde, car ces pays sont marqués par un multiculturalisme très fort. Ce procédé a donc permis de reconnaître et mieux représenter au niveau national les différentes communautés autochtones L'inscription de la Pachamama dans ces constitutions a également établi la nature en tant qu’entité unique ayant des droits, et qu’il convient donc de respecter. Le versant moins idyllique est la visée politique de cette procédure, faisant de l’environnement un outil politique. Il en reste que l’incorporation de la culture andine dans le droit est une avancée que ces deux pays ont été les premiers à faire. 

Accepter l’imperfection 

La Pachamama n’est pas l’unique concept qui tient sa place dans ces Constitutions. Les peuples autochtones pensent le monde selon le schème du “sumak kawsay”, c’est-à-dire  la recherche du bien vivre en communauté. Il faut réussir à trouver les accords les plus justes, tout en acceptant que rien n’est parfait et qu’on ne peut que tendre vers la perfection et l’équilibre entre la satisfaction des différentes parties. 

Adopter une cosmovision

La cosmovision andine impose une autre lecture du temps, dans lequel passé sont inter-connectés. On ne peut réfléchir au futur sans considérer le passé, et toute prise de décision implique un retour sur ce qui a été fait. Ce retour est d’ailleurs perçu comme une avancée, car le temps est de forme spirale : les avancées qui déterminent le futur sont d’incessants retours en arrière. Cette vision chamboule la perception occidentale de la croissance et du développement. Nous n’allons pas forcément et de manière linéaire, vers le meilleur. Nous prenons des décisions qui, selon le passé, paraissent plus justes et plus efficientes. 

Concernant l’espace, toute prise de décision se fait au-delà de la simple considération des intérêts personnels, sous peine de créer des déséquilibres, notamment environnementaux. C’est tout l’espace et tous les éléments qui doivent être considérés. 

Pendant de nombreuses années, l’humain a avancé en se plaçant au centre du monde. Aujourd’hui, la Terre(-Mère) nous en montre les limites. “La Pachamama nous demande aujourd’hui d’agir. Comment ? En vénérant et en prenant soin de notre terre.” affirme Rocio Morales. Autrement dit, il serait temps que l’humain occidental bascule d’une visio anthropo-centrée, à une posture plus “pacha-centrée”. 

Photo à la Une : Cérémonie pour la Pacha Mama © Matthew Paulson

Jade Goumard
Content Manager chez carbo
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