Actuellement à l’affiche des salles de cinéma se trouve une comédie française grand public, avec Clovis Cornillac dans le rôle principal, qui a pour thématique centrale le dérèglement climatique. Le film s’appelle Les Têtes givrées, et ça nous a intrigués, alors nous sommes allés le découvrir et avons été, il faut l’avouer, agréablement surpris. Il se pourrait même que nous ayons versé quelques larmes…
Les Têtes givrées, film réalisé par Stéphane Cazes, s’ouvre sur de magnifiques images d’un glacier qui fond, goutte après goutte, dans une lumière bleutée translucide absolument superbe. L'intrigue du film se déroule dans une station au pied du Mont-Blanc, où les pistes de ski comptent plus de cailloux que de flocons. Survient l’arrivée d’un nouveau professeur, joué par Clovis Cornillac, ancien entraîneur de ski de haut niveau, dans le collège du village. On lui confie, bien sûr, la classe que personne ne veut, celle des SEGPA, une bande d’ados pas méchants mais qui manquent cruellement de confiance en eux à force d’être la risée du collège. Son objectif sera alors de leur prouver qu’ils sont capables de grandes choses, et de leur redonner espoir en leur avenir.
Lui, amoureux éperdu de la montagne, décide rapidement de les emmener en sortie scolaire sur le glacier… Enfin, pas exactement sur le glacier, plutôt au cœur de ses entrailles, en rappel. De cette sortie merveilleuse naît une prise de conscience glaçante : le glacier se meurt. Les générations futures ne pourront plus être témoins à leur tour de sa beauté vitale. Alors c’est le branle-bas de combat, et voilà toute la classe mobilisée pour son nouveau projet de fin d’année : recouvrir le glacier de bâches pour ralentir sa fonte en le protégeant des rayonnements du soleil. Plus rien ne semble pouvoir les arrêter, because « The snow must go on ».
« Votre planète, vous la voulez bleue ou bien cuite ? »
Nous, spectateurs, devenons les témoins émus de cette ferveur de la jeunesse, prête à construire un monde nouveau. Mobilisés dans un effort collectif, les jeunes de la classe SEGPA vont devoir convaincre les élèves des autres classes et les habitants du village de leur prêter main forte, la principale du collège et le maire de soutenir leur projet, les entreprises de leur fournir le plus de bâche possible… Mus par un même objectif – sauver la nature pour espérer avoir un futur – ils sont prêts à tout, capables de tout. Ils se reconnectent à leur environnement, s’entraident, se mettent au travail et défient même la police, la loi et les instances politiques de la ville, plus intéressées par la venue de touristes dans la station que par le sauvetage du glacier. Ils n’ont plus que leur avenir en tête, et ont bien compris qu’il était indissociable de l’état de la planète. Et que c’était à eux d’agir.
On sourit, on pleure, on s’indigne. On se dit, surtout, que c’est essentiel d’avoir des films grand public qui s’emparent (enfin) des thématiques écologiques, le tout avec espoir et optimisme. Le discours écologique étant ici rendu non seulement accessible, mais désirable, les collégiens du film semblant ne tirer que du positif de leur prise de conscience et de leur mise en mouvement. S’engager, nous dit Les Têtes givrées, c’est découvrir la puissance du collectif, la joie du militantisme, la force de l’action face à l'éco-anxiété. Clovis Cornillac, acteur principal du film, qui avait déjà eu l’occasion de tourner sur le même glacier il y a de ça vingt ans, le résume bien malgré son inévitable choc initial : « On ne va pas se morfondre. On va essayer d’agir. » La beauté des images du glacier et la splendeur de la montagne participent aussi à nous émerveiller, encore, de cette nature qui nous entoure pour nous donner envie, à notre tour, hors de la salle de cinéma, de la sauver.
Dans son film, Stéphane Cazes – qui a d'ailleurs tout fait pour que le tournage soit le moins polluant possible : zéro déchet, hélicoptère prohibé, cantine bio, costumes recyclés – donne aussi des pistes pédagogiques pour conscientiser la jeunesse. Emmener les enfants sur le terrain le plus possible pour leur faire réaliser par leurs propres yeux l’ampleur du dérèglement climatique en cours, créer le déclic, leur faire connaître et comprendre cette nature à protéger. Donner une vraie place à ces questions dans les programmes scolaires. Bref, offrir à la jeunesse les armes nécessaires pour qu’elle puisse imaginer un monde radicalement différent de celui qu’on lui lègue. Comme l’illustre très bien le film, c’est elle qui a cette capacité à faire changer aussi les plus vieux, ceux qui n’y croient plus, à créer un effet de groupe (un effet boule de neige ?) résolument efficace. Les Têtes givrées souligne aussi l’importance des professeurs et de l’éducation pour sensibiliser dès le plus jeune âge à la lutte climat. Le film se termine sur une phrase choc, qui au lieu de nous immobiliser, de nous abattre, nous fait lever de notre siège combatifs pour aller nous aussi remuer des montagnes. « D’ici 2100, la moitié des glaciers du monde auront disparu. Mais pour l'instant ils sont encore là, leur sort est entre nos mains. »