À l'occasion de sa participation au So good MAIF Festival à Marseille, Claire Pétreault, fondatrice de l’entreprise à impact Les Pépites Vertes, qui aide les jeunes à trouver leur voie dans la transition écologique, s’est prêtée à son tour à notre interview « L’œuvre qui a fait basculer ».
Bonjour Claire. Y a-t-il une œuvre qui a contribué de manière significative à votre prise de conscience écologique ?
Claire Pétreault : Contrairement à 99% des personnes à qui j'ai moi-même posé cette question : je n'ai pas été bouleversée par le film Demain. Tout simplement parce que j'étais aux États-Unis en train de bien polluer au moment de sa sortie... Oups ! Mais je suis obligée de le nommer tellement il a participé à la mobilisation de milliers voire millions de citoyens sur les sujets écologiques. Cyril Dion et tout l'écosystème français de « la fabrique des récits » sont des pionniers fondamentaux dans la conduite du changement par l'art. De mon côté, ce sont plutôt les chanteurs que mon père m'a fait écouter dans mon enfance comme les Cowboys Fringants, Renaud ou Francis Cabrel qui m'ont toujours beaucoup touchée. Nekfeu et Orelsan aussi, dans les artistes plus contemporains.
Plus récemment, j'ai vu Le Règne animal et j'ai fondu en larmes à la fin. Pourtant assez mal accueilli par la critique, je le trouve d'une finesse déstabilisante.
À votre avis, pour faire changer les choses, quelle œuvre faudrait-il que nos responsables et dirigeant·es découvrent ?
C. P. : Je suis incapable de répondre à cette question, car il n'existe pas de manière universelle de toucher les gens. Certains dirigeants seront traversés par la grâce d'un tableau, d'autres par la profondeur d'un texte. C'est là notre responsabilité : savoir multiplier les approches et s'adapter aux gens qu'on cherche à embarquer. Ce qui est universel, par contre, c'est la nature et le vivant. Emmener les leaders économiques et politiques dans une forêt ou devant un glacier, ça pourrait sûrement faire son petit effet. Et ce encore plus si l'aventure était partagée avec leurs progénitures. Quoi de plus engageant que son propre enfant ?
Quel est selon vous le rôle de l'art et de la culture dans la prise de conscience de l'urgence écologique ?
C. P. : Je vois une double réponse. Celle de nous toucher, bien sûr. De nous raconter des histoires et de contribuer à l'élaboration d'un récit alternatif qui nourrit nos rêves. Mais aussi celle de faire du beau, pour faire du beau. Célébrons la légèreté et le non sens des choses qui ne s'expliquent pas. Nous en avons besoin, je crois.