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L’ONU prévoit que près de 70% de la population habitera en ville d'ici 2050 - contre 55% aujourd’hui. Face aux enjeux du changement climatique, il devient donc nécessaire de repenser notre rapport à la nature et à la ville et à notre usage des espaces urbains. On vous explique en quoi l’urbanisme durable est un sujet d’envergure.
Qu’est-ce que l’urbanisme durable ?
L'urbanisme durable est une nouvelle manière d’envisager les espaces urbains. Plusieurs impératifs doivent être conciliés :
- Écologique. Il s’agit de concevoir le rapport entre la ville et la nature.
- Social. Cet aspect de l’urbanisme durable va de pair avec l’impératif écologique. Ce modèle favorise le développement d’un milieu sain. Urbanisme durable est (en théorie) synonyme de bien-être, d’équité et de cohésion sociale
- Technique. En effet, dans une optique de bien-être, ce modèle accentue la qualité de vie dans les villes, via une réorganisation optimale de l’espace.
- Économique. Redéfinir l’espace urbain doit s’effectuer en considérant le développement économique et non pas à contre-courant de celui-ci.
Ainsi, il s’agit de concilier l’ensemble de ces éléments pour permettre une meilleure conception de l’aménagement urbain. Par extension, l’urbanisme durable est l’invention de nouveaux modes de vie, de nouvelles façons d’habiter, de se déplacer, de consommer, etc. Ce modèle répond en tout point aux critères de développement durable.
Qu’est-ce qu’un écoquartier ?
Un écoquartier ou une écoville sont des exemples d’urbanisme environnemental à petite échelle. Ces zones urbaines sont organisées. Elles se gèrent dans une démarche de développement durable. Par conséquent, leur conception doit permettre un développement économique, une performance environnementale et une mixité sociale, tout en étant fonctionnel (logements, commerces, infrastructures…).
“Favoriser l’émergence d’une nouvelle façon de concevoir, construire, faire évoluer et gérer la ville” (Ministère de l'Écologie et du Développement durable)
Que dit la législation ?
En 2007, se promulgue une première loi d’engagement national pour l’environnement. S'en suit une seconde en 2010 : la loi dite “Grenelle 2”. Parmi les 6 grands chantiers définis par les 100 articles qui la composent, apparaît le secteur du bâtiment et de l’urbanisme. Il y a un double objectif :
- Diviser par 5 la consommation d’énergie des constructions neuves en 2012
- Favoriser les énergies renouvelables et modifier en conséquence le code de l’urbanisme.
Les labels ?
Le label EcoQuartier se lance en 2012 par l’Etat, pour encourager les collectivités territoriales à aménager leurs territoires de manière durable. Ce label permet d’accompagner les projets depuis leur conception jusqu’à trois après leur achèvement. Quatre étapes le constitue :
- L’ÉcoQuartier en projet
- L’ÉcoQuartier en chantier
- L'ÉcoQuartier livré
- L’ÉcoQuartier confirmé
Comment faire de l’urbanisme durable ?
L’urbanisme durable se fait donc dans une optique de développement durable. Ainsi, avant de se lancer dans un projet, on peut établir les objectifs d’un écoquartier selon les 3 piliers :
Pilier social et sociétal
Gouvernance urbaine
Que ce soit à l’échelle locale (maîtres d’ouvrage, élus, techniciens, aménageurs publics et privés, etc.) ou nationale (ministères, agences ou associations), pour mener à bien le projet, il faut organiser la gouvernance urbaine. Il s’agit de bien s'entourer, de piloter correctement, d’écouter et de décider ensemble. La mise en place d’un urbanisme durable est un processus complexe dans lequel interviennent la collectivité, les urbanistes, les promoteurs et les citoyens. Il faut donc une bonne organisation et coordination entre ces différents acteurs.
Une nouvelle gouvernance écologique
L’urbanisme durable suppose donc la définition d’une nouvelle gouvernance écologique. Cette dernière engage le citoyen, les acteurs publics et privés, et les place comme co-acteurs de ce nouvel aménagement. Une nouvelle gouvernance qui sollicite le droit à l’information environnementale de ces divers acteurs pour qu’ils puissent prendre en compte les impératifs du développement durable dans leurs propres stratégies. Ainsi, pour un aménagement de façon pérenne, les citoyens sont un acteur incontournable.
Cohésion sociale
Les éléments cités précédemment nécessitent une cohésion sociale. Cela induit forcément d’inscrire le projet dans son contexte social, de renforcer les liens sociaux et de promouvoir toutes les formes d’accessibilité. Cet aspect du pilier est éminemment culturel. Il se fait via la culture et en mettant à disposition des habitants des espaces de loisirs et d’expression, les liens sociaux se resserrent et les objectifs convergent.
Mixité fonctionnelle et sociale
L’urbanisme durable promeut une mixité fonctionnelle et sociale. L’objectif est de réduire tout phénomène de ségrégation socio-spatiale et de prévoir les équipements nécessaires aux fonctions urbaines. Une ville durable est une ville ayant plusieurs fonctions. C’est à la fois une zone d’habitation mais aussi un espace qui propose différents commerces et services.
Pilier économique
Favoriser la localisation des activités et de l’emploi
Un aménagement durable doit pouvoir rendre attractif et compétitif un territoire. Ce processus doit prendre en compte les particularités du milieu (culture, acteurs locaux, etc.). Il faut les utiliser à bon escient pour implémenter un environnement de qualité et un cadre urbain viable.
Exemples d’actions
La mise en place de pôles d’excellence spécialisés dans un domaine particulier peut favoriser l’attractivité d’un territoire, mais aussi dynamiser des quartiers délaissés.
🖐 A l’origine, les technoparcs sont conçus pour améliorer l’image de marque et le positionnement de centres urbains. Dans la perspective de développement durable, il est opportun d’augmenter la notoriété de ces technoparcs en obtenant des certifications vertes (ISO 14001, par exemple).
Optimisation du projet et pertinence financière
Il faut pouvoir optimiser la portée économique du projet et inscrire le projet dans la dynamique de développement local. De même, il faut s’assurer de la pertinence du montage financier du projet. Il s’agit de l’optimiser et d’imposer des résultats en matière de maîtrise des charges.
Prévoir les risques
Il est important de garantir la pérennité du projet en prévoyant ses potentiels risques. Il faut avoir un coup d’avance sur la conjoncture du projet et pouvoir anticiper.
Pilier environnemental
Assurer les performances écologiques de l’aménagement. Il y a 4 aspects à prendre en considération :
Eaux urbaines
Les eaux urbaines sont un sujet qui est une part importante du pilier environnemental. Il concerne l’aménagement durable des villes. Il faut penser à l’optimisation de son usage via le traitement des eaux usées, des économies d'eau, etc.
Gestion des déchets
Gérer les déchets c’est réduire ou prévenir la production de déchets et optimiser leur traitement. L’objectif est évidemment de tendre vers le “zéro déchet”. Il est possible de mettre en place un système de tri et de recyclage d’emballages consignés ou biodégradables, par exemple.
Biodiversité
Protéger et favoriser la biodiversité avec des dispositions relatives à l’agriculture, à la protection des espèces et des habitats, notamment. L’idée est de promouvoir la nature en ville, en donnant une large place à la faune et à la flore et en multipliant les espaces verts, même sur le bâti.
🖐 Par exemple, les écovilles peuvent avoir des murs végétalisés, des toitures végétales, etc.
Mobilité
Concernant la mobilité, les déplacements individuels motorisés doivent être maîtrisés, l’offre de transports diversifiée et les modes doux, favorisés. La ville doit pouvoir garantir un réseau structurant de transport qui dessert les zones stratégiques. L’objectif est de réduire au maximum l’usage de véhicules motorisés et individuels, trop émetteurs.
Bilan Carbone : 7 idées pour réduire l'empreinte carbone de ses transports !
Sobriété énergétique
En aménageant son territoire de manière durable on se tourne vers une sobriété énergétique. Ce qui suppose l’utilisation d’énergies renouvelables. Ainsi, il est préférable de diversifier la production locale de l’énergie.
Densification
En gérant la densité et formes urbaines, on permet une gestion plus économe de l’espace. L’urbanisme durable tire profit d’un environnement bâti plus compact et favorise une mixité des fonctions urbaines. En intensifiant et en densifiant les activités urbaines, on réduit les déplacements puisque tout est à proximité (commerces, habitations, bureaux, etc.). Il faut aussi s'assurer que le réseau de transport soit efficace.
🖐 A savoir : c’est l’idée de “quartiers compacts”, dont les caractéristiques s'associent au smart growth. Les commerces et services de proximité sont accessibles à pied ou à vélo.
Eco-construction
Se tourner vers l’éco-construction ou l’architecture verte est un essentiel pour l’aménagement durable d’un territoire. L’objectif est de réduire l’impact des bâtiments sur l’environnement et le climat. Ces constructions vertes nécessitent l’usage de matériaux durables, recyclables et locaux. Il faut également assurer une performance énergétique optimale du bâtiment.. Ceci peut passer par l’usage d’énergies renouvelables pour chauffer l’habitat (géothermie ou panneaux solaires, par exemple).
Il faut aussi bien considérer les besoins pour lesquels on construit le bâtiment, que prévoir leur adaptabilité au milieu (ou aux changements potentiels) et leur consommation de ressources (matériaux, eau, énergie, etc.).
Les normes d’éco-construction
Il existe plusieurs normes d’architecture durable pour limiter les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments. La Haute Qualité Environnementale (HQE) par exemple, vise à limiter l’impact environnemental d’une construction ou d’une opération de réhabilitation, tout en assurant une qualité de vie saine et confortable. Ce concept s’accompagne d’une certification, délivrée par l’AFNOR et qui concerne le bâtiment : “NF Ouvrage Démarche HQE”. Le HQE s’inspire du label Haute Performance Energétique (HPE). Le petit plus est qu’il ajoute une dimension hydrologique, sanitaire et végétale.
Il existe également le label Très Haute Performance Energétique (THPE). Il est délivré aux bâtiments qui vont plus loin que les exigences réglementaires en termes de performance énergétique.
Les cas concrets de l’urbanisme durable
Des villes durables
La problématique écologique appliquée aux villes est éminemment mondiale. Des villes ont ainsi entamé un tournant durable, comme Londres avec son péage électronique qui limite la circulation des véhicules motorisés en centre ville.
Ce n’est pas nouveau, les pays scandinaves devancent largement les autres en matière environnementale. En effet, la capitale de la Suède a reçu le Prix de la Capitale Verte (2010) grâce à plusieurs mesures comme l’utilisation de biocarburants par les transports publics, ou la mise en place d’une taxe carbone pour les émissions de gaz à effet de serre. Toujours en Suède, Växjö met en place des actions pour s’affranchir totalement des énergies fossiles. Le succès de ses politiques énergétiques fut permis par les infrastructures ambitieuses qui ont été construites. En 2014, Copenhague est devenue la capitale verte d’Europe. La smart city a entamé une politique de développement durable qui s’appuie sur la technologie, avec la mise en place de poubelles connectées.
Un exemple allemand : le quartier Vauban
🖐 Situé au sud de Fribourg-en-Brisgau, le quartier Vauban est un bon exemple allemand. La municipalité lance dès 1996, des projets d’aménagement durable. Plus d’une dizaine de bâtiments d’une caserne se rénovent et une grande partie s'alimente par l’énergie solaire. Certains bâtiments du quartier s'optimisent également grâce à leur exposition à la chaleur solaire et répondent à des critères environnementaux : toitures végétalisées, construction via des matériaux écologiques, etc.
Nous pouvons ajouter que l'on considère Vauban comme un des principaux quartiers Carfree - sans voiture - d’Europe. Les modes de transports “doux” comme le tramway et le vélo, sont favorisés.
Les projets en France
Légèrement en retard, la France connaît à la fin des années 2000 des expériences d’habitat coopératif dans de grandes métropoles (Paris, Nantes, Lille, Strasbourg, etc.). Ces expériences d’habitat groupé, facteur de solidarité, de mixité sociale, permettent d’induire une nouvelle dynamique et un nouveau rapport à la ville. Quelques projets émergent dans les grandes villes citées précédemment. Mais il reste encore beaucoup d’actions à mettre en place.
Projet phare d’urbanisme durable : la métropole européenne de Lille
🖐 En France, l’Union est un bon exemple de territoire aménagé de manière durable. Se situant entre Wattrelos, Tourcoing et Roubaix, l’Union s’anime d’un vaste projet d’aménagement. La communauté urbaine Lille Métropole décide de faire de l’Union un écoquartier pilote de la métropole lilloise. Entre innovation, préservation d’un héritage industriel et respect de principes de développement durable, le projet d’aménagement durable de l’Union lui vaut l’obtention du Grand prix national Ecoquartier (2011).
L’urbanisme durable, un enjeu d’avenir
Le citoyen au coeur du processus
Comme évoqué précédemment, l’urbanisme durable est un processus dans lequel les rapports entre la ville et la nature, la nature et les résidents, et les résidents entre eux, sont repensés. Le citoyen participe à l’élaboration de son milieu, notamment dans ses pratiques quotidiennes. Carbo a développé un outil 100% en ligne qui permet de connaître son empreinte carbone et de réfléchir à des actions concrètes pour la réduire.
Un urbanisme durable nécessaire
Plus de la moitié de la population mondiale vit en ville : l’enjeu écologique dans ces territoires est donc proéminent, et les actions concrètes encore trop faibles. Il faut donc aménager des villes selon des impératifs à la fois écologiques, sociaux, économiques et techniques.